Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, estime que les conséquences de l’attaque perpétrée, le 7 janvier, contre le journal «Charlie Hebdo», seront lourdes pour la communauté algérienne, établie en Europe en général, et en France en particulier. Tout en soulignant que les imams n’ont jamais appelé à la marche de vendredi, Mohamed Aïssa a déclaré qu’il faut trouver des mécanismes pour immuniser la communauté algérienne, installée en Europe, des provocations par des actes islamophobes. S’exprimant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, il dira que les conséquences pèseront sur les Algériens, et ce, malgré le fait que l’attentat dénote d’un problème social, franco-français, et n’a rien à voir avec l’islam et l’algérianité. Et de révéler que les auteurs de l’attaque, bien qu’ils soient d’origine algérienne, n’ont jamais fréquenté les écoles coraniques, qui gravitent autour de la mosquée de Paris, ni les mosquées algériennes. Le problème est, purement, français, il reflète des vérités au sein de la société française, où la stigmatisation des musulmans est une réalité, martèle le ministre, pour qui le terrorisme n’a ni de religion, ni de nationalité. D’ailleurs, les officiels français ont tenu à rendre visite aux mosquées de Paris, pour apaiser la tension et recadrer cette dérive, en instaurant un plan de sécurité. La France, à l’instar des autres pays de l’Europe, n’a pas cessé de montrer son intérêt à coopérer avec les autorités algériennes, dans la formation des imams exerçant dans les mosquées françaises. Même le Conseil scientifique des mosquées d’Algérie a émis un communiqué, dans lequel il condamne l’attentat, et considère que cet acte terroriste ne relève, nullement, de l’islam et de l’algérianité.
L’invité de la Chaîne III estime que l’attaque contre «Charlie Hebdo», va encourager, encore, la montée de l’islamophobie, et la haine à l’encontre des Algériens. Arguant que les indices de la haine se voient actuellement, si l’on se réfère aux donnée établies par l’Observatoire sur l’islamophobie, dirigé par le professeur Zekri. Une réalité qui nécessite la prise des mesures pour immuniser la communauté algérienne, établie en France, et dépoussiérer la face éclaboussée de l’islam qui n’a jamais été une religion de sang et de violence. Faisant remarquer que le journal en question tire, aujourd’hui, près de 7 millions d’exemplaires (allusion faite à un complot instrumentalisé), l’invité de la Chaîne III déclare ignorer les raisons de cette attaque. Concernant les marches organisées, vendredi, au niveau de plusieurs villes d’Algérie, pour dénoncer les dessins portant atteinte à l’image du prophète Mohamed (Qsssl), le ministre a déclaré que les imams n’ont jamais appelé à sortir dans la rue.
Il estime que ces marches ont enregistré des dérives, provoquées par des opportunistes, connus du fait qu’ils aient appelé à une journée de colère. Pour rappel, les imams ont appelé, vendredi, à ce que les réactions restent dans leur contexte réel et traditionnel de la défense pacifique du prophète (Qsssl) et du sacré. «Au lieu de crier, on a eu recours au discours pacifique pour démontrer la loyauté du prophète Mohamed (Qsssl), et démontrer que l’islam est une religion d’entente et de paix», a-t-il ajouté, en regrettant que le mouvement fût spontané, et plus au moins organisé dans certains endroits.
Ce qui est dangereux c’est les tentations de récupération du mouvement par certaines parties, visant des fins autres que celles de la défense du sacré. Le ministre des Affaires religieuses est revenu sur les déclarations, souvent irresponsables, des imams autoproclamés, à travers les plateaux de certains médias. Il a interpellé, à cet effet, les journalistes à se réorganiser, à plus de responsabilité, et à plus de conscience sur l’impact des messages transmis. L’appel du ministre est vraisemblablement adressé, après l’appel au meurtre lancé par Abdelfattah Hamadache Zeraoui, à l’encontre du journaliste Kamel Daoud. C’est dans ce sens que l’invité de la Chaîne III, qui n’a pas d’autorité sur le secteur des médias, invite ces derniers à s’interdire à inviter ceux qui poussent à l’extrémisme. Pour lui, la liberté d’expression est garantie pour chaque Algérien, mais cela ne donne pas droit de toucher à la sécurité, ni à la stabilité du pays.
Salim Nasri
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