Accueil ACTUALITÉ Bouchouareb et l’affaire « Panama Papers » : le RND plaide la présomption d’innocence

Bouchouareb et l’affaire « Panama Papers » : le RND plaide la présomption d’innocence

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Après une semaine de l’éclosion de l’affaire dite «Panama Papers», dont le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, est cité comme étant détenteur d’une société off-shore domiciliée au Panama, à croire les conclusions de cette enquête médiatique internationale, le RND (Rassemblement national démocratique) s’exprime à ce sujet, et prend la défense de son protégé.

C’est un constat que tout le monde aurait remarqué. La communication chez le parti dirigé par Ahmed Ouyahia, son secrétaire général par intérim depuis juin 2015, est une denrée rare. Même lorsqu’il s’agit d’un sujet d’actualité qui fait tache d’huile sur la scène nationale. À ce titre, il est à rappeler qu’officiellement le parti n’a pas pris position, du moins de manière officielle, encore moins de s’inviter au débat qui enfle sur cette affaire, laquelle met au jour des révélations fracassantes, inhérentes notamment à l’évasion fiscale. Quand bien même ce scandale a touché un haut responsable algérien, de surcroît, d’obédience RND, la direction dirigeante de la deuxième force politique proche du pouvoir, reste, visiblement, fidèle à sa méthode communicationnelle. Celle-ci consiste, en quelque sorte, à laisser défiler les événements, prendre tout le temps nécessaire à étudier le sujet, avant de s’exprimer de manière à éviter de s’embourber dans des situations embarrassantes pour le parti et son premier responsable.
Les exemples en la matière font monnaie courante. On s’en souvient du suspense longtemps entretenu par Ouyahia, lequel responsable a imposé le blackout total autour des sujets qui «fâchent». Les attaques acérées et répétitives, menées tambour battant par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, à l’encontre de son ennemi juré (Ouyahia), les changements opérés à la tête des Institutions civiles et militaires ayant suscité beaucoup de bruit, pour n’en citer que les grands dossiers ayant marqué la vie politique nationale, le silence était assourdissant. Il a fallu attendre janvier dernier, à l’occasion d’une session du conseil national de ce parti, pour qu’enfin l’homme politique qui s’est fait le plus désirer auprès de l’opinion, non moins directeur de cabinet auprès de la présidence de la République, n’intervienne pour répondre aux supputations, parmi les plus folles celles qui posent le doute quant aux non-dits qui en disent long sur la seule voix qui a manqué à l’appel. Ainsi, va la même attitude silencieuse réservée à l’affaire de l’heure qui a trait aux paradis fiscaux, où le nom du tout-puissant ministre, Bouchouareb notamment, eût été évoqué. Là encore, faut-il solliciter les responsables du parti à même d’espérer une déclaration traitant de cette question. En tout cas, au demeurant, il semblerait que la direction politique du RND, prudente soit-elle sa position, entend s’en remettre à la Justice pour la laisser jouer en quelque sorte le rôle que lui confèrent ses prérogatives. C’est du moins ce que nous avons appris du porte-parole de la formation politique d’Ouyahia. Seddik Chiheb, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est référé à la réaction du concerné par cette affaire. «Je pense que l’intéressé (Bouchouareb, ndlr) a répondu formellement à ce sujet. Donc, on s’en tient au démenti apporté par lui», a répondu ce cadre de la direction politique à la question de connaître l’opinion de son parti. Des propos par lesquels notre interlocuteur voudrait faire croire que cette affaire est avant tout personnelle, et, visiblement, pour la faire soustraire des spéculations d’ordre politique. «Nous nous éloignons en dehors de tout ce qui se raconte par-ci, par-là», a-t-il précisé de manière succincte. Chiheb ne veut pas s’étaler sur le sujet, encore moins en faire toute une histoire, dès lors, a-t-il laissé entendre, qu’il faut décomplexer le débat. «Il faut apprendre à vivre avec cela. On a déjà assez vécu le cauchemar avec l’affaire de Chakib Khelil», a-t-il indiqué, comme pour tempérer les ardeurs d’une polémique qui bat son plein, pour éviter, ainsi, d’«en rajouter une couche».
En tout état de cause, le RND, du moins, selon les propos tenus par son responsable à la communication, renvoie cette affaire à l’Institution judiciaire. «La Justice doit jouer son rôle», a conseillé Chiheb, avant de plaider en faveur du mis en cause. En effet, selon lui, même si la Justice doit se saisir de cette affaire, il reste que la présomption de l’innocence doit être accordée à Bouchouareb. «Nous tenons au principe de la sacro-sainte règle de présomption d’innocence», dira texto le même interlocuteur, pour défendre le premier responsable du département de l’Industrie et des Mines. Il est bon de rappeler que Bouchouareb a réfuté catégoriquement les accusations portées contre lui par les auteurs de l’affaire dite «Panama Papers». Lors d’une réunion tenue jeudi dernier avec la commission économique de l’APN, le mis en cause a désigné du doigt des «lobbies internes et externes au pays», qu’il a accusés d’être d’derrière une «cabale médiatique, le visant et visant l’Algérie».
Farid Guellil

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