L’intervention musclée des éléments de la Gendarmerie nationale, survenue dimanche passé à l’intérieur de la cour de justice d’Oran, continue de susciter de vives réactions de la part des robes noires. En effet, plusieurs avocats ont qualifié de «dérives graves» ce qui s’est passé à l’intérieur de cette enceinte, et ont dénoncé la violence dont ont été victimes les grévistes.
Salah Dabouz, avocat et défenseur des droits humains
«Agresser les juges à l’intérieur des structures de la justice est un acte odieux. Que les magistrats m’excusent, mais ce sont eux qui ont ouvert la voie à de tels agissements, quand ils ont accepté de nous condamner pour attroupement et atteinte à l’unité nationale, à cause de nos combats contre les injustices de façon pacifique (…) Rien ne justifie toutefois la décision du ministre de prendre d’assaut l’appareil judiciaire, et de piétiner son caractère sacré».
Aissa Rahmoune, avocat, vice président de la LADDH :
«Aucune raison ni même déraison ne peut justifier un fait grave voire un précédent autoritaire qui frappe le corps de la magistrature aujourd’hui. Un sursaut patriotique, éthique et politique, pour dire à tous les symboles du système, partez tous».
Union nationale des organisations d’avocats :
Dans un communiqué rendu public, dimanche, les avocats considèrent ce qui s’est passé à Oran, comme une «atteinte grave à la souveraineté du pouvoir judiciaire», et qu’«il était injustifiable et ce, quelles que soient ses motivations». L’organisation dirigée par Ahmed Sai appelle les deux parties à faire preuve de «sagesse et d’esprit de responsabilité» dans ce contexte crucial que traverse le pays pour sortir du blocage, garantir la dignité du magistrat et assurer le fonctionnement normal de la justice dans le cadre des lois de la République».
Abdelaziz Rahabi, diplomate :
Sur sa page facebook, Abdelaziz Rahabi a jugé «inacceptable l’assaut donné dimanche contre la Cour d’Oran et les violences commises contre certains magistrats, dont des femmes». Pour lui «ce qui s’est passé à Oran constitue une escalade inacceptable» et une «façon non civilisée» de régler les problèmes à l’intérieur des institutions de l’État, et «une atteinte à leur crédibilité à l’intérieur du pays, et à leur image à l’étranger». Réitérant sa solidarité avec les juges dans «leur lutte pacifique pour libérer la justice de l’instrumentalisation politique et de toutes les formes de pression qu’elle a subies depuis l’indépendance», Rahabi a salué la «volonté des juges de dialoguer avec le gouvernement» et leur «implication dans le mouvement de transformation historique créé par le hirak, qui a brisé le mur de la peur pour tous et dont le succès ne sera pas total sans la libération du système judiciaire».
Ania Nait Chalal