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AU VU ET AU SU DU MONDE ENTIER : Ghaza vit son 726e jour sous le feu et la faim

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En ce mercredi sanglant, l’aviation et l’artillerie israéliennes ont intensifié leurs bombardements contre les civils, visant sans distinction écoles, habitations et secouristes.
Depuis l’aube, 45 Palestiniens ont été tués, selon les hôpitaux de l’enclave. Parallèlement, la famine, une conséquence directe du blocus, a fait deux nouvelles victimes, dont un enfant. Ainsi, le nombre de morts dus à la malnutrition atteint désormais 455, parmi lesquels 151 enfants. Le drame humanitaire qui se déroule à Ghaza se lit dans deux chiffres effroyables : 66 097 martyrs et 168 536 blessés depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023. Derrière ces statistiques se cache une stratégie méthodique : bombarder, affamer et priver d’assistance médicale une population entière, jusqu’à son épuisement. À Ghaza, les lieux qui devraient incarner la protection et l’avenir se transforment chaque jour en tombeaux. L’école Al-Falah, refuge improvisé pour des dizaines de familles déplacées dans le quartier de Zeïtoun, au sud-est de la ville, a été bombardée mercredi matin par l’aviation israélienne. Six personnes ont été tuées sur place. Les équipes de la Défense civile, accourues pour secourir les blessés, ont, elles aussi, été prises pour cible. Un sauveteur a été tué et plusieurs autres blessés. Cibler ceux qui tentent de sauver des vies est devenu une constante dans cette guerre, soulignent les ONG, qui dénoncent des crimes de guerre répétés.

Maisons pulvérisées et quartiers incendiés
Le quartier d’Al-Daraj, en plein centre de Ghaza, a été le théâtre d’un autre massacre : sept Palestiniens y ont trouvé la mort quand une frappe a réduit une maison à l’état de décombres. Dans le camp de réfugiés de Chati, à l’ouest, et dans le quartier de Choujaya, à l’est, les raids se sont multipliés, semant la panique parmi les habitants. Aux abords de l’université islamique, des bombardements ont provoqué d’importants incendies, transformant cette zone en champ de ruines fumantes. Des drones ont, en parallèle, largué des bombes sur des habitations près de l’école Al-Jarjawi, dans la ville de Ghaza, forçant des familles entières à fuir à nouveau. Au centre de la bande, l’hôpital Al-Awda de Nusseïrat a reçu trois corps et plusieurs blessés après le bombardement d’un rassemblement de civils près du pont de Maghraqa, ainsi que la destruction d’une maison dans le secteur de la mosquée Al-Qassam. Un drone israélien a tué un Palestinien supplémentaire dans le camp de Nusseïrat. Plus au sud, l’artillerie a pilonné Khan Younès, tandis que le corps d’un habitant a été retrouvé dans le secteur de Qizan Al-Najjar. Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2024, 13 229 Palestiniens ont été tués et 56 495 blessés. Pour les organisations humanitaires, ces chiffres dépassent largement le seuil de ce que le droit international qualifie de « massacres à grande échelle ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle d’un système de santé effondré, où moins d’un tiers des hôpitaux fonctionnent partiellement et où les pénuries de médicaments transforment les blessures les plus bénignes en condamnations à mort.

La famine comme arme de guerre
Parallèlement aux bombes, une autre arme tout aussi meurtrière s’abat sur les habitants : la faim. Les hôpitaux ont annoncé mercredi la mort de deux personnes, dont un enfant, des suites de malnutrition. La famine est désormais responsable de 455 décès, parmi lesquels 151 enfants. Depuis que l’IPC (système de classification intégré de la sécurité alimentaire) a officiellement déclaré une situation de famine à Ghaza, 177 Palestiniens, dont 36 enfants, sont morts de privations alimentaires. Les médecins alertent : 17 000 enfants souffrent aujourd’hui de malnutrition aiguë. Les cas recensés vont bien au-delà de la maigreur extrême. On parle de pertes de mémoire liées à l’absence prolongée de nutriments, d’épuisement total, de défaillances organiques. « Ce sont des enfants qui n’ont plus l’énergie de pleurer », résume un médecin de l’hôpital Al-Shifa, dont les couloirs sont saturés. L’UNRWA confirme que les cas de malnutrition aiguë chez les moins de cinq ans ont doublé entre mars et juin 2025, conséquence directe du blocus israélien. Ses équipes médicales ont effectué 74 000 examens au cours de cette période, identifiant plus de 5 500 cas de malnutrition sévère et 800 cas critiques.

Le droit international piétiné
La communauté internationale a largement documenté la situation. Les rapports de l’ONU et des ONG parlent de violations systématiques du droit international humanitaire : attaques contre des civils, destruction d’infrastructures vitales, blocus transformant Ghaza en prison à ciel ouvert.
La Cour internationale de justice (CIJ) a d’ailleurs ordonné à Israël, début 2024, de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir un génocide. Mais sur le terrain, les frappes et la famine semblent prouver le contraire. Les juristes rappellent que l’article 54 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève interdit explicitement l’utilisation de la famine comme méthode de guerre. Le fait de priver délibérément une population de nourriture est défini comme un crime de guerre. Face à ce désastre humanitaire, les réactions internationales se résument trop souvent à des déclarations de principe. Les grandes puissances occidentales, tout en appelant à « protéger les civils », continuent d’armer et de soutenir Israël. Les États-Unis restent le principal fournisseur d’armes et de soutien diplomatique. L’Union européenne, malgré quelques voix critiques, maintient ses relations stratégiques avec Tel-Aviv. Des ONG accusent ces partenaires de complicité dans les crimes commis, en vertu du droit international qui sanctionne le soutien actif ou passif à des crimes de guerre. Dans le monde arabe et en Afrique, les appels à des sanctions ou à une rupture des relations diplomatiques se multiplient, mais restent souvent symboliques. Les populations, elles, descendent régulièrement dans les rues pour exprimer leur solidarité avec Ghaza et leur indignation face à l’inaction des gouvernements.

L’extermination au quotidien
À Ghaza, les habitants vivent une guerre à deux vitesses : celle des bombes qui tuent brutalement, et celle de la faim qui épuise et tue lentement. Chaque jour, de nouveaux noms s’ajoutent à la liste interminable des martyrs, chaque jour des familles pleurent des enfants morts faute de lait, des femmes mortes faute de soins, des hommes morts faute de nourriture. Les survivants répètent inlassablement la même phrase aux journalistes : « Nous ne voulons pas mourir en silence ». Mais c’est bien le silence international qui continue de régner. Le massacre de Ghaza n’est plus seulement une tragédie humanitaire, c’est une catastrophe politique et morale. Les bombardements répétés, le ciblage des civils, l’effondrement du système de santé et la famine organisée constituent un faisceau de preuves que nombre de juristes internationaux qualifient déjà de génocide. Le monde observe, documente, déplore. Pendant ce temps, les chiffres montent, implacables. 726 jours de guerre. 66 097 martyrs. 455 morts de faim. 17 000 enfants affamés. L’histoire retiendra ces chiffres, mais elle retiendra surtout l’inaction et les complicités qui ont permis à ce drame de se poursuivre.
M. Seghilani

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