L’Association nationale de protection des consommateurs, El-Aman, a donné hier le coup d’envoi d’une enquête en ligne autour de la culture de consommation alimentaire des Algériens permettant d’effectuer une étude scientifique qui aboutira à l’élaboration d’un recueil de propositions envers les pouvoirs publics, les opérateurs économiques et les consommateurs.
Faisant état de sa grande préoccupation pour la santé publique qui est en dégradation continue en raison justement d’un mode de vie malsain à tous les niveaux, le président de l’Association El-Aman, Hacène Menouar, a expliqué hier, à Alger, lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la journée nationale des droits des consommateurs, que l’objectif final de son action est d’encourager les Algériens à aller vers un autre mode de consommation plus saint et plus équilibré. L’enquête qui s’étalera sur une période de 6 mois, et analysée par la suite par des experts durant 2 mois pour la publication des recommandations en décembre 2021, a été élaborée afin de connaître au mieux la culture de consommation des algériens. Les questions tournent notamment autour des habitudes alimentaires quotidiennes, tout en tenant compte des spécificités de chaque région du pays (Nord, Est, Ouest, Hauts-plateaux, Sud). Et parce qu’il s’agit d’une question de santé publique, Menouar a voulu tirer la sonnette d’alarme quant à la gravité de la situation. Chiffres à l’appui, il a indiqué dans ce contexte qu’il est enregistré chaque année 50 000 cas de cancer, 12 millions de cas de cardiopathie, 6 millions cas de diabète, et de 8% à 20% de surpoids et d’obésité. D’où la nécessité de remédier rapidement à ce problème, de trouver l’origine de ces maladies, et surtout d’arriver à les réduire à travers une panoplie de mesures que l’Association en collaboration avec plusieurs acteurs dont des experts et des médecins s’engage à élaborer et les proposer aux différentes autorités concernées, à commencer par le ministère du Commerce, la santé, l’industrie, l’environnement ou encore l’agriculture. De ce qui est de l’appréciation de la scène consumériste en Algérie, Menouar a dressé un tableau noir sur ce qui est proposé aux consommateurs sur les étalages.
Que ce soit dans la production des produits alimentaires, des légumes et fruits ou des viandes, les normes sont loin d’être respectées devant l’absence totale de contrôle. Dans le domaine de l’agriculture, le président d’El-Aman a dénoncé des pratiques pouvant impliquer des répercussions graves sur la santé publique, car cette activité est malheureusement caractérisée par l’utilisation accentuée de fertilisants, par l’irrigation par des eaux contaminées ou par l’utilisation de pesticides qui contaminent la production. Aussi dans le domaine de l’élevage, la situation est aussi catastrophique, car l’on recourt à l’utilisation d’antibiotiques et d’hormones de croissance au détriment de la santé des consommateurs et sans mesurer les répercussions que cela puisse avoir à long terme. Pour ce qui est de l’industrie agroalimentaire, là encore rien ne fonctionne dans les normes. Parmi les nombreux dysfonctionnements qui caractérisent ce créneau, le même intervenant cite entre-autres l’insuffisance de l’encadrement réglementaire, les étiquetages illisibles et non pertinents. Il évoque aussi, l’excès d’utilisation du sucre et du sel ainsi que des matières grasses dans les différents produits, et la distribution des produits dans des conditions inadaptées. En ce qui concerne de la commercialisation et de la vente, celles-ci se font dans la majorité des cas dans des conditions d’hygiène insuffisantes et non respectées. Du contrôle qu’est sensé effectuer le ministère du Commerce ; celui-ci est discontinu et irrégulier, souligne Menouar qui déplore un secteur gangréné par l’informel et la spéculation.
Ania Nait Chalal
