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Après le naufrage à Mossoul : La corruption remonte à la surface en Irak

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Gouverneur recherché, officiels cités à comparaître et trafics révélés: après le naufrage à Mossoul qui a fait au moins 100 morts, les dossiers de la corruption s’entrouvrent dans le nord de l’Irak toujours en attente de reconstruction après la guerre.

Après le choc national de la semaine dernière –100 morts et 63 disparus dans le naufrage d’un bac en majorité des femmes et des enfants–, Mossoul, reprise il y a moins de deux ans au groupe Etat islamique (EI), réclame désormais que soient vraiment jugés les responsables provinciaux limogés et remplacés par des autorités intérimaires. Depuis des années, la corruption est endémique en Irak. Ces 15 dernières années, dans le 12e pays le plus corrompu au monde, 194 milliards d’euros ont ainsi disparu dans les poches de politiciens et d’entrepreneurs véreux selon le Parlement. C’est deux fois le budget de l’Etat et même plus que le Produit intérieur brut (PIB) de l’Irak. Entre les fuites à l’étranger et les passe-droits, très peu d’officiels ont dû répondre de leurs actes de prévarication. Et, pour ceux qui ont été condamnés, la loi est clémente, assurent des acteurs de la justice: en vertu d’amnisties, certains s’en sont sortis en ne payant qu’une part, minime, de l’argent volé. Mais à Mossoul durant des jours, les proches de victimes l’ont répété: «la corruption nous tue». Elle a «exacerbé un dangereux confessionnalisme», «revivifié les raisons de l’apparition de l’EI» et même permis de récolter «de nouvelles allégeances», renchérit un rapport parlementaire. Et elle empêche aussi la reconstruction de la province de Ninive, ravagée par trois ans d’occupation des jihadistes et près d’un an de guerre pour les chasser: les grands travaux n’ont jamais débuté mais les ruines ont enrichi les seigneurs de guerre. C’est ce qu’affirme une enquête rédigée par 43 parlementaires après quatre mois d’entretiens avec habitants et responsables, que l’AFP a pu consulter. Ce rapport d’une quarantaine de pages décrit un système de prédation bien rôdé dans une région au budget de 800 millions de dollars.

Trafics et contrebande
Des «vitrines économiques de groupes se réclamant du Hachd al-Chaabi s’accaparent projets et terrains», affirme le rapport. Le Hachd al-Chaabi, des unités de supplétifs de l’armée majoritairement chiites, a fait son entrée dans la ville sunnite de Mossoul une fois les jihadistes chassés. Peu appréciés et craints par les habitants, certains de ses hommes sont aussi accusés de profiter du business de la guerre. Si rien n’a été reconstruit, de nombreux immeubles ont été un peu plus détruits encore. Sous couvert de déblayage, ces entrepreneurs ont dégagé des millions de dollars en revendant structures métalliques et tonnes de matériaux des décombres, selon un responsable local. «Les groupes armés et leurs prête-noms transfèrent ces métaux grâce à des lettres d’autorisation obtenues auprès du gouvernement», accuse ainsi ce responsable cité dans l’enquête parlementaire. Dans le même temps, selon le rapport des députés, le gouverneur Nawfel al-Akoub limogé et désormais recherché, «a fait construire deux routes en contravention avec les règles municipales pour acheminer en contrebande du pétrole extrait de champs au sud de Mossoul».

«Combien d’autres naufrages ?»
Le naufrage d’un bac –en surcharge et naviguant alors même que les autorités avaient prévenu du danger du haut niveau de l’eau– a mis le feu aux poudres. Mais le ver était dans le fruit depuis bien plus longtemps, assure le député Abdel Rahmane al-Louizi, qui a participé à l’enquête parlementaire. «Le limogeage du gouverneur a eu lieu après le choc du naufrage, mais il est basé sur des preuves collectées bien avant», par la dite commission parlementaire qui a déjà recommandé son départ, explique-t-il. Pour les Irakiens toutefois, sans ce drame qui aurait pu être évité selon les rescapés, les «corrompus» ne se seraient pas retrouvés sur la sellette. «Le naufrage d’un bac a mis au jour des dizaines de dossiers de corruption à Mossoul. Combien faudra-t-il d’autres victimes et d’autres naufrages pour découvrir tous les dossiers de corruption dans les autres provinces d’Irak ?», s’interrogeait ainsi un internaute. Aujourd’hui, alors même que les policiers dans tout le pays recherchent le gouverneur Akoub pour corruption, les prétendants à sa succession ne se privent pas de recourir aux mêmes méthodes, a déjà accusé l’ancien ministre de la Défense Khaled al-Obeïdi. L’un d’eux «a proposé à plusieurs membres du Conseil provincial 250 millions de dinars (près de 190.000 euros) à chacun pour être élu», a affirmé M. Obeïdi à une télévision locale

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