«Min Dawhati El-Atyar», un concert en ligne de musique andalouse judicieusement mêlé aux déclamations de textes lyriques, mettant en rapport l’homme et la nature, a été présenté jeudi soir par la cantatrice à la voix suave, Lila Borsali, sur sa page Facebook et sa Chaîne Youtube. Habituant son public à marquer la rentrée sociale par un concert mettant en valeur le patrimoine musical andalou à travers la Nouba dans sa forme la plus classique, Lila Borsali revient cette année avec «Rentrée en Nouba», un récital monté sur le thème de l’utilisation du chant des oiseaux dans les textes des chansons, comme un langage métaphorique, hautement symbolique. «Quand la douleur nous envahit, quand la vacuité du sens et l’incertitude des jours à venir tentent de se substituer à la vie jusqu’à l’annihiler, la nature, elle, vecteur de la beauté et du bien-être n’oublie jamais de se rappeler à notre regard et de nous redonner espoir», explique la cantatrice dans son introduction. Dans une belle fusion des genres, Lila Borsali a présenté dans le mode Moual, «Nouba Rasd Eddil», composée d’une dizaine de pièces aux textes basés sur la contemplation et donc imprégnés de sagesse, où le poète fait appel à la métaphore du chant de l’oiseau pour exprimer ses joies et ses peines, dans une variété de déclinaisons modales intermédiaires et les différents mouvements rythmiques que compte la Nouba. «Les oiseaux sont considérés comme des motifs dominants de la nature et un vecteur de beauté et de bien-être qui a inspiré tant de poètes. Les Muwashahat soigneusement choisies, ont permis à la grande chanteuse andalouse de réussir le pari de pénétrer l’univers exigeant de ce champ lexical riche en métaphores, en émotion esthétique et en impulsion du verbe «. Avec une voix cristalline à la tessiture large, la cantatrice a entonné les pièces, «Qad Gharrad El-Yamam» (m’çaddar), «Djalassna Fi-Hadra» (btayhi 1), «El-Fedjr Ziyeq» (btayhi 2), «Sahou El-Balabil» (derdj 1), «Assbahna Fi Rawdin Bahidj» (derdj 2), «Sahat El-Atyar» (istikhbar), «Habba Ennassim» (n’çraf 1), «Qoum Tara El Qitâane» (n’çraf 2), «Ala Afsaha Ettayr» (m’khilesse 1), «Touiyari el mesrar» (m’khilesse 2), et «Qoudoum el-habib», qui clôt chaque fin de concert. Les textes au lyrisme poétique, ont été rendus sur un support musical relevé, avec les sonorités denses des instruments, dont une contrebasse, exécutant de belles partitions qui ont restitué avec l’ensemble des musiciens, la valeur du travail et de l’exercice permanent qui a toujours valu à l’oiseau d’être apprécié de tous, entre autre. L’orchestre, d’une douzaine de musiciens, dirigés d’une main de maître par Leila El Kébir au violon, était composé de, Ghouti Hadjila à la Derbouka, Karam Ghomari au Tar, Merouane Mekki à la contrebasse, Farid Mokkeddem au Ney, Rassim Bouabdellah à la Kouitra, Djihed Labri au Qanun, Djilali Rahmoun au Rebab, Saliha Ould Moussa au Luth, Hamza Bellouti au violoncelle et Rafiq Benhamed au violon. Dans une belle scénographie, autre élément qui dénote de toute la hauteur de vision dans la conception des projets, la scène était plantée dans un décor somptueux, fait de verdure et de draps ondulant sous l’effet d’une légère brise, un lieu paradisiaque que la cantatrice a embelli avec un accoutrement conforme aux choix artistiques de la prestation (veste karakou et une longue jupe en plumes). Plein d’enseignements, Nouba Rasd Eddil a exprimé l’éternelle dualité entre la passion et la raison, qui, depuis la nuit des temps, a toujours été la source de tous les tourments que connait l’homme. Lila Borsali a jusque là sorti cinq albums «Fraq Lahbab» (2010), «Nouba Rasd Eddil» (2012), «Nouba Ghrib» (2013), «Nouba Hosn Es-Selim» (2015) et «Pour l’espoir» (2018) dont la chanson éponyme a été tourné en court métrage-clip, réalisé par Belkacem Hadjadj sur un scénario de Tahar Boukella. La cantatrice anime également sur l’une des chaines de la télévision nationale «Djarka», une émission dédiée à la musique andalouse.