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Alors qu’Oultache est condamné à la peine capitale : 24 millions de dinars de compensation pour la partie civile

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«Je ne l’ai pas tué, c’était un ami, un frère…», c’est sans doute les mots les plus frappants ayant marqué le procès de Chouaïb Oultache, condamné, dans la soirée d’avant-hier, par le tribunal criminel près de la Cour d’Alger, à la peine capitale, pour l’assassinat de l’ancien directeur de la Sûreté nationale, Ali Tounsi.

Retour sur un procès qui marquera à jamais les annales de la justice algérienne qui n’aura duré qu’à peine 48 heures. Le tribunal qui a retenu tous les chefs d’inculpation, en l’occurrence, homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, et tentative d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, n’a pas tardé à se statuer, quant au sort de l’ex-chef de l’unité aérienne au sein de la DGSN. Reconnu coupable, Oultache a donc écopé la plus lourde peine, mais celle-ci n’est plus appliquée en Algérie, en vertu d’un moratoire datant de 1993. D’autre part, le tribunal criminel s’est statué sur l’action civile dans l’affaire, en prononçant un jugement accordant aux ayants droit (famille de Ali Tounsi) et à l’ancien chef de sûreté de la wilaya d’Alger, Abd Rabou, un montant de 24 millions de dinars, à titre de dommages et intérêts. En vertu de ce jugement, un montant de 23 millions de dinars a été accordé à la famille de la victime Ali Tounsi, et un million de dinars à Abdelmoumen Abd Rabou, ancien chef de sûreté de la wilaya d’Alger. Cependant, au lendemain du verdict (hier, ndlr) les avocats de l’ex-chef de l’unité aérienne au sein de la DGSN ont déposé un recours auprès de la Cour suprême.

Le témoignage «controversé» de Oultache
Au premier jour du procès, le colonel Chouaïb Oultache, en détention depuis sept ans, a répondu aux multiples questions du juge, Mohamed Belkharchi. Mais la question la plus importante est celle pourquoi l’avoir tué ? Et la réponse est surprenante: «Je ne l’ai pas tué, c’était mon ami, mon frère… Oui, je lui ai tiré dessus, mais pas sur la tête, je l’ai blessé à la poitrine».
«Je l’ai blessé. J’ai tiré quatre balles sur la main dans laquelle il avait un coupe-papier pour se défendre, selon lui», a-t-il avancé tout en accusant des cadres de la police, le juge d’instruction, des experts et même l’ancien procureur général d’Alger d’avoir monté cette affaire en toutes pièces. Tout en revenant en détail sur ce qui s’est passé durant la journée fatidique du 25 février 2010 dans le bureau de Ali Tounsi, Oultache, qui présidait à l’époque la commission de modernisation de l’unité aérienne de la DGSN, a affirmé s’être présenté au secrétaire de l’ex-DGSN afin de solliciter une audience avec son directeur pour lui demander le report de la réunion dédiée à l’évaluation des actions de modernisation de la police, prévue le jour même. Sa demande est rejetée par Ali Tounsi qui l’accuse d’avoir délivré des contrats «illégalement» à son gendre. Mais la «goutte qui fait déborder le vase» est lorsque Ali Tounsi a qualifié Oultache de «traître». «Je l’ai traité, à mon tour, de traître et de fils de harki, ce qui a créé un clash entre nous». «Il a saisi son coupe-papier et a foncé sur moi», a-t-il témoigné dans cette audience, avant de poursuivre «je l’ai prévenu avant de tirer vers le plafond. Il m’a dit : je vais te faire ceci et cela. J’ai tiré sur lui trois autres balles, mais je visais sa main. Je n’ai pas du tout touché sa tête ».

Le témoignage «accablant» du médecin légiste
Le second jour du procès a été marqué par le témoignage du médecin légiste qui a accablé l’accusé. Lors de cette audience, Rachid Belhadj a affirmé au cours de son récit que la victime pouvait s’en sortir après la première balle, mais c’est la seconde qui l’a achevé. Enfonçant Chouaïb Oultache, le médecin légiste a indiqué à cet effet que «la première balle a traversé la joue gauche pour sortir au niveau de l’épaule, alors que la seconde balle a explosé la boîte crânienne. Et cette balle a été fatale». Plus explicite, il dira que la seconde balle a provoqué ce qui est scientifiquement appelé l’effet «blast». «La victime a reçu la première balle, mais il arrivait encore à bouger. Il s’est relevé, puis tomber sur sa partie gauche. Il pouvait s’en sortir, mais c’est à ce moment-là qu’il a reçu la seconde balle et c’est celle-ci qui fut fatale pour lui», a-t-il encore témoigné. Les avocats de la défense ont, certes, déposé recours auprès de la Cour suprême, mais ce qui est sûr c’est que cette affaire marquera à jamais les esprits des Algériens, qui se sont réveillés un certain 25 février 2010 sur la nouvelle de l’assassinat du directeur de la Haute institution sécuritaire du pays.
Lamia Boufassa

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