Accueil Culture+ Alors que les musées et galeries sont fermés au Brésil :...

Alors que les musées et galeries sont fermés au Brésil : Le street art plus fort que le coronavirus à Sao Paulo

0

Les street artists brésiliens sont carrément en train d’exploser en cette période de confinement. À croire que le coronavirus qui fait des ravages dans leur pays leur donne du tonus. Ou que c’est pour exorciser ce mal qui fauche sous le regard passif d’un président au bord de la déraison.
L’une de ces artistes, que l’on désigne par graffeurs en langue française, est en train de réaliser un ensemble de douze peintures murales, recouvrant entièrement des façades d’immeubles voisins. Elle fait partie d’un groupe de 15 artistes qui décorent de hauts bâtiments affairés sur leurs échafaudages volants. Alors que tous les musées et beaucoup de galeries sont soit fermés soit en mode pandémie, Sao Paulo, la capitale culturelle du Brésil renforce sa réputation de centre mondial du «street art». Le projet de ce groupe d’artistes, qui est à l’œuvre depuis quelques mois dans la mégalopole de 21 millions d’habitants, formera le plus grand ensemble de graffitis du Brésil, avec 3.689 mètres carrés de surface peinte au total. Le projet, un événement unique en son genre dans le monde, est baptisé «Festival NaLata». Il aurait dû rassembler bien plus d’artistes et créer plus d’œuvres, mais la pandémie a obligé les organisateurs à annuler une grande partie du festival. «On a décidé de ne faire participer que les artistes qui se trouvaient déjà à Sao Paulo. Et dans le cas des peintures murales, les œuvres sont visibles pour tout le monde depuis la rue, c’est démocratique et sans risque de concentration de personnes», explique Luan Cardoso, le curateur du festival. Pour peindre ces façades, il a fallu l’autorisation des habitants de chaque immeuble.
«C’est toujours pareil : ça semble très compliqué au début car certains habitants n’aiment pas l’idée, mais ensuite tous les habitants adorent et sont très contents», raconte Luan Cardoso. «Ils prennent des photos et les publient sur les réseaux sociaux en écrivant: “Regardez comme c’est beau ce qui est en train de prendre forme sur mon immeuble !”».
Les Paulistes ont pourtant l’habitude de se promener dans des rues couvertes de graffitis, la mégalopole étant une référence mondiale du street art. Alors pour la graffeuse Paola Delfin, une Mexicaine de 31 ans venue spécialement pour participer au projet, peindre les visages d’un homme et d’une femme sur 26×7 mètres dans ce Haut-Lieu du graffiti était un rêve. «C’est super beau de pouvoir réaliser une œuvre dans un lieu où il y a autant de passage. J’ai voulu transmettre un message d’espoir, que les choses vont reprendre leur cours normal», explique l’artiste.
Tous les graffeurs ont confié aux organisateurs qu’ils avaient imaginé leur fresque selon leur ressenti de la situation sanitaire. Au Brésil, le coronavirus a fauché la vie de près de plus de 134 935 personnes et touché 4,5 millions de personnes. La plus grande œuvre représente un personnage bariolé coiffé d’une cocarde indigène et au-dessous duquel l’artiste, Enivo, a peint le drapeau du Brésil. À la place de la devise «Ordre et Progrès», il a écrit «Temps nouveaux».
Ali El Hadj Tahar/Agences

Article précédentSouk-Ahras : Lancement d’une enquête épidémiologique au peste des petits ruminants
Article suivantCovid-19 : Trump promet qu’il y aura assez de vaccins pour tous les Américains