Sur fond de trône vacillant et d’une large contestation du système du makhzen, les citoyens sont sortis dans la rue pour crier leur ras-le-bol et surtout dénoncer les conditions de vie, la pauvreté dans laquelle sombre le pays et même la politique extérieure qui a coupé le pays de son voisinage et offert ses richesses à une colonisation rampante des Israéliens devenus aujourd’hui des intouchables depuis la normalisation avec l’entité sioniste.
C’est une véritable onde qui est en train de gronder et les manifestations sont l’expression d’un mal être social qui grandit de jour en jour. « On veut des hôpitaux et non des stades pour la Coupe du monde. Le peuple a faim, il n’a pas accès aux soins. On veut être digne dans notre pays », des mots d’ordre relayés par de jeunes manifestants sur les réseaux sociaux. Les dépêches des agences de presse en provenance du Maroc font état de centaines de jeunes arrêtés par la police du Makhzen dimanche dans plusieurs villes du pays qui connaissait, pour le deuxième jour consécutif, des manifestations populaires réclamant « une réforme du système éducatif et des services de santé publique ». À Rabat, les forces de l’ordre ont empêché des groupes de jeunes de se rassembler en plusieurs points du centre-ville, où des dizaines de personnes ont été interpellées, indique un communiqué d’une association de défense des droits humains. Ces rassemblements, à l’appel d’un collectif appelé « GenZ 212 », avaient été déjà marqués samedi de dizaines d’interpellations. Le président de la section de Rabat de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Hakim Sikouk a fait état dimanche de « plus de 100 interpellations à Rabat et de dizaines d’autres à Casablanca, Marrakech, Agadir et Souk Sebt ». Il faut rappeler dans ce contexte que la répression par les forces de la gendarmerie royale, les supplétifs du Makhzen et même par d’agents de société de sécurité employés par des membres de la famille royale a conduit à des centaines d’interpellations condamnées par l’AMDH, ainsi que par deux formations de l’opposition, le Parti justice et développement et la Fédération de la gauche démocratique. Ce réveil des sujets de sa majesté intervient alors que le palais est en proie à une guerre féroce entre les différents clans de la famille royale. Si Israël , le nouveau parrain du palais, est en train de manipuler pour introniser le prince héritier Hassan III même au prix d’une abdication de son père, la France elle joue la carte de la sœur du roi Lalla Hasna qu’elle espère voir intronisée reine, une première pour un pays musulman. Les forces influentes du Makhzen comptent eux sortir la carte du frère du roi le prince Rachid qui était en disgrâce et que certains cercles voudraient remettre sur selle. Les manipulations de Azoulay et l’entité sioniste sont allées jusqu’à ressusciter l’épouse de M6, la reine Selma, disparue des radars depuis plus de dix ans, qu’on disait morte, répudiée par le roi, mais qui a refait son apparition à l’occasion d’une visite qu’elle a effectuée dernièrement dans un hôpital de Casablanca après le décès de huit parturientes faute de soins dans un établissement hospitalier d’Agadir. Il y a lieu de rappeler que Le groupe GenZ 212 avait lancé son appel à manifester sur la plateforme Discord il y a quelques jours se présentant comme « un espace de discussion » autour de « questions nationales comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption ». Au Maroc, les inégalités sociales restent un problème majeur qui touche principalement les jeunes et les femmes. Ces protestations interviennent dans un contexte tendu après le décès récent dans un hôpital public d’Agadir de huit femmes enceintes admises pour des césariennes, selon les médias. Le 14 septembre dernier, des heurts avaient opposé des policiers à des manifestants qui dénonçaient des conditions précaires dans cet établissement (manque d’équipements et de médicaments), selon des vidéos sur les réseaux sociaux. Une semaine plus tard, deux sit-in à Tiznit, au sud d’Agadir, et Essaouira ont été interdits et une douzaine de personnes dont des membres de l’AMDH ont été interpellés, ont indiqué des organisations et des collectifs de défense des droits de l’Homme. Aujourd’hui, le peuple marocain dénonce les inégalités mais aussi les choix politiques du Makhzen. Les manifestations organisées par le Front anti-normalisation sont quotidiennes et selon des sources, le siège de l’ambassade de l’entité sioniste à Rabat a été évacué par mesure de sécurité depuis le début des manifestations populaires dans le pays.
Slimane B.