Mouad Bouchareb et le parti FLN seraient-ils en marche pour s’inscrire dans le même repositionnement du RND, TAJ et l’UGTA, en vue de rejoindre le cercle des partis d’Allégeance qui appellent, aujourd’hui, à la destitution du président Bouteflika ?
Un premier pas est déjà franchi à travers le comité central du parti-FLN qui a considéré la proposition de Gaïd Salah, d’actionner l’article 102 notamment, comme « le début du retour vers la l’égalité et la légitimité qui permettra de sécuriser le pays de tous les dangers le guettant ».
Quoique, ce comité central n’avait plus d’existence légale après l’installation de l’Instance de coordination dirigeante avec, à sa tête Mouad Bouchareb. Les regards donc sont tournés vers l’état-major du vieux parti qui continue à briller par son silence alors que Bouchareb fait aussi face à une vague de contestation accrue émanant de la direction du parti et de sa base militante.
Toutes les réunions tenues ces derniers temps par le parti ont été marquées par des querelles et altercations verbales, qui virent parfois même jusqu’à la bagarre. Une tradition qui semble accentuée par les événements dans le pays. Une vingtaine d’anciens dirigeants et membres du bureau politique dissout du parti, menés par Ahmed Boumehdi, ont même déposé, la semaine dernière, une requête auprès du Conseil de l’État, accusant Bouchareb d’«usurpation de fonctions» pour s’être installé « illégalement » à la tête du parti. Les adversaires de Bouchareb lui demandent de justifier sa qualité au sein de l’Instance dirigeante, en le défiant et menaçant même d’«exhiber» le document attestant de sa nomination comme coordinateur général. En clair, Bouchareb est contesté même dans sa légitimité, maintenant que le parapluie de Bouteflika, sous lequel il s’est mis à l’abri contre les attaques ennemies, n’est plus là. Selon la requête de réponses présentée par l’avocat de Bouchareb au Conseil de l’État, révélée par des médias, jeudi dernier, ce dernier, qui est également président de l’APN, a défendu sa légitimité en arguant que sa nomination a été décidée par le président de la République, qui n’est autre que le président du parti himself.
Preuve en est, selon Bouchareb, l’information officielle telle qu’elle a été donnée par l’Agence nationale de presse (APS), qui avait publié la démission de son prédécesseur, Djamel Ould Abbès, pour cause de santé et la désignation de Bouchareb comme coordinateur de l’Instance dirigeante provisoire du parti. Bouchareb a défendu également la légitimité de son instance dirigeante, en soulignant, dans ses réponses, que le règlement intérieur du parti-FLN prévoit une instance de coordination. Cependant, cette même Instance, et telle que définie par les textes, ne prévoit pas les mêmes prérogatives que s’est octroyées Bouchareb et ses proches.
La «légitimité» de Bouchareb mise à l’épreuve
Sur le fond, l’instance de coordination a un rôle purement consultatif, et n’a, donc, aucun pouvoir de décision. Sur la forme, cette instance est composée des membres du bureau politique, des ministres FLN au gouvernement, des vice-présidents de l’APN et du Sénat, ainsi que les présidents des groupes parlementaires du parti dans ses deux chambres. En plus, la présidence de l’instance échoit au SG du parti, élu par le congrès. Ce qui n’est pas le cas pour Bouchareb, qui ne jouit même pas de la qualité de membre du comité central.
Partant de cela, l’instance qu’il dirige est en contradiction manifeste avec le règlement intérieur du parti, en plus du fait qu’il est invraisemblable pour lui de se référer aux comptes rendus de la presse pour justifier le document officiel de sa désignation.
Tous ces arguments ne devront pas passer inaperçus sous les yeux de ses détracteurs, qui réclament désormais sa tête, le contexte de mobilisation citoyenne aidant.
Hamid Mecheri