Voulant surfer sur la vague de large contestation de la normalisation des relations diplomatiques avec l’entité sioniste qui secoue actuellement plusieurs villes du royaume, le chef du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Abdallah Bouanou, se livre à une véritable danse de la duplicité et de l’hypocrisie. Feignant d’oublier que c’est le gouvernement majoritairement issu de sa formation politique et dirigé par El-Othmani, qui avait avalisé et paraphé les accords de normalisation avec Israël, il s’est permis l’outrecuidance de déclarer, dans un discours prononcé lors de la réunion hebdomadaire du groupe parlementaire de son parti, tenue lundi au siège central du PJD à Rabat, que la présence d’une délégation israélienne à la réunion du Conseil mondial de l’Internationale socialiste qui se tient à Rabat, constitue une provocation inacceptable envers les Marocains et nécessite des éclaircissements. Rien que ça, et pourtant sa formation politique s’était permise de débattre des clauses de l’accord Abraham qu’elle a adopté sans broncher.
Bouanou s’est dit étonné par la présence d’une délégation israélienne au Maroc à un moment où la guerre de génocide et de nettoyage ethnique, menée par l’armée israélienne, se poursuit à Ghaza. « Et alors qu’il existe un consensus au sein de la Knesset israélienne de refuser la reconnaissance d’un État palestinien », a-t-il indiqué dans sa déclaration.
Et ce qui étonne dans le jeu machiavélique du dirigeant de ce parti est que la signature des accords Abraham, avec l’entité sioniste, a été justifiée par le chef du gouvernement de l’époque par un supposé consentement de l’entité sioniste d’accepter la reprise des discussions de paix avec les Palestiniens pour l’établissement d’un État souverain dans les frontières de juin 1967 avec comme capitale El-Qods. Comment se fait-il qu’à la Knesset, co-signataire de ces accords existe aujourd’hui un consensus pour ne pas reconnaître un État palestinien et pour l’annexion de nouveaux territoires palestiniens ? Logiquement, un tel consensus aurait dû pousser les pays normalisateurs à geler tout accord avec l’entité sioniste si vraiment l’intention de leurs dirigeants était d’aider les Palestiniens à disposer d’un pays aux frontières reconnues.
Poussant encore plus loin son hypocrisie, il s’est interrogé sur le fait qu’ une composante politique marocaine s’est permise d’inviter convoquer sans honte une délégation de l’entité sioniste surtout à la lumière d’informations faisant état de la présence au Maroc au titre d’invités d’honneur , de familles de certains prisonniers israéliens du Hamas. » C’est un fait qui nous interroge comme si ce qui se passe à Ghaza en termes de cruauté et de crimes ne nous concerne pas en tant que Marocains », a-t-il souligné.
Il faut savoir que le peuple marocain a appelé, ces derniers jours, à intensifier les manifestations pour crier haut et fort le rejet de la normalisation avec l’entité sioniste. Le PJD, qui veut se mettre sur les starting-blocks en prévision de législatives anticipées que s’apprêterait à convoquer le roitelet M6, veut instrumentaliser la colère de la rue pour remporter les suffrages et revenir au parlement où il ne détient plus la majorité. Le peuple marocain n’est pas dupe et il est conscient que le parti politique qui a ouvert la voie à l’arrivée de l’entité sioniste au Maroc, ne peut pas bloquer une dynamique qu’il a, lui-même, mise en route et appelé aujourd’hui à une rupture des relations diplomatiques avec Israël est une ruse politicienne, bas de gamme qui ne lui servira pas à se refaire une virginité.
Slimane B.