Sur les 3000 agences immobilières existantes sur le territoire national, 20% d’entre elles ont baissé rideaux et changé de profession. Les 80% restantes seraient en situation délicate en raison de l’accaparation de 70% du marché immobilier par l’informel. C’est ce qu’ont dénoncé hier les représentants de la Fédération nationale des agences immobilières lors d’une conférence de presse organisée au siège de la FNAI à Kouba. Selon Noureddine Menasri, chargé à la communication, après l’explosion du marché de l’immobilier en Algérie, notamment, après la décennie noire, les courtiers communément appelés (Samsar) ont pris le contrôle dans ce domaine et ont remplacé les agents immobiliers. Ceci a donné lieu, regrette l’intervenant, à une concurrence déloyale qui a poussé beaucoup de gens de ce métier à la faillite ou à changer carrément d’activité. Ce qui a aggravé davantage cette situation, a poursuivi- Menasri, est que la plupart des clients évitent de se rendre chez les agences et préfèrent effectuer leur transaction dans un cadre informel en ignorant tous les risques d’arnaques et d’escroqueries. Mais pas que, souligne l’ex-vice-président de cette fédération, qui pointe également du doigt l’informel d’être à l’origine des la flambée des prix de l’immobilier, notamment, dans les grandes villes d’Algérie. L’anarchie qui caractérise aujourd’hui ce marché n’est que la résultante de l’absence de traçabilité et de suivi des différentes transactions de vente ou de location, explique la même source. En raison de sous-déclarations et la baisse du pourcentage de déclaration à moins de 40%, l’on ne connait pas la valeur du parc immobilier en Algérie, relève le conférencier. «L’État n’arrive pas à maitriser ce parc». Toujours dans ce cadre d’idée, Menasri estime que le blanchiment d’argent et la vente et l’achat par des canaux illégaux sont des pratiques qui restent liées et qui ont donné lieu à cette hémorragie qui s’accentue. Pour mettre fin à cette anarchie, il a indiqué que la FNAI avait usé de tous les moyens possibles et s’est adressée à plusieurs départements ministériels mais sans qu’il y ait de sérieuses réactions. Selon lui, les ministères de l’Habitat, du Commerce, des Finances, de l’Information, de l’Intérieur et même la Sûreté nationale, ont été tous sollicités mais en vain. Il a indiqué, à ce propos, que la Fédération nationale des agences immobilières propose une série de solutions pour normaliser et régulariser le marché de l’immobilier. En effet, pour assurer la traçabilité de toutes les transactions, lutter contre l’inflation, et faire baisser les prix du logement tirés ver le haut par l’informel, la FNAI pense que le passage obligatoire par les agences immobilières reste l’unique alternative qui demande « une décision courageuse de l’État». Ceci devrait se faire sur une période déterminée de 4 à 5 ans. Pour lutter contre les sous déclarations, une estimation des prix sera effectuée par les agences dans chaque région du pays. Ces solutions permettront, selon le conférencier, de faire renter de l’argent au Trésor public mais aussi de créer des postes d’emplois. la FNAI a également appelé l’État à revoir sa politique de logement puisque les différentes formules n’ont pas réussi à régler le problème.
Ania Nait Chalal