Prétendant parmi tant d’autres à la présidentielle, Ali Ghediri, qui prône «La rupture sans reniement» comme slogan électoral, pense que la situation prévalant dans le pays à l’heure actuelle voudrait que l’on fasse appel à un homme, qui a l’étoffe d’un militaire, pour prétendre porter haut les aspirations du peuple algérien. Il est peu connu du paysage politique d’il y a quelques temps en arrière, si ce n’est les tribunes médiatiques qu’il occupait depuis début de l’année 2016. Par contre son empreinte au sein de l’institution militaire est bien là, il est loin d’être étranger, de surcroît pour un général-major qu’il était de fonction. Jusqu’à une date récente, ses écrits publiés dans la presse nationale lui ont valu une réaction auguste de l’état-major de l’ANP. Son chef Ahmed Gaïd Salah l’a maintes fois rappelé au devoir de réserve et de retenue à lequel sont astreints les militaires à la retraite.
Aujourd’hui, l’histoire retiendra de lui, qu’il est le premier haut gradé de l’ANP à la retraite à postuler à la prochaine présidentielle. Droit dans ses bottes, comme tout militaire qui se respecte, Ali Ghediri veut faire mouche dès sa première sortie devant les médias. L’occasion lui a été donnée hier au Forum du quotidien Liberté, pour parler des motivations qui l’ont poussé à prétendre au poste de Président, son analyse de la situation, son programme électoral, sa stratégie de campagne etc. «En l’état actuel ou au point où en sont les choses, pour faire sortir la politique des casernes seul un militaire pourra le faire pour les générations à venir», dira Ghediri devant un parterre de journalistes, sympathisants, citoyens et autres curieux, dans une salle pleine à craquer de l’hôtel Sofitel d’Alger.
Même s’il répond au compte-gouttes comme lorsqu’il a été interrogé sur sa stratégie électorale, le comment mobiliser les parrainages, ou encore le financement de sa campagne électorale, Ghediri tentera, tout le long de sa plaidoirie, à convaincre de ses intentions à changer les choses pour le pays. Ainsi, il plaide une «rupture avec la dérive et le désespoir», non pas d’une façon brutale mais qui tiendrait lieu de ce qu’il appelle : «une continuité des valeurs de Novembre».
«La rupture est une question très dure. Mais je ne la considère pas d’impossible, c’est pour cela que je me suis engagé dans la course électorale tout en sachant qu’il est difficile de le faire. Cette rupture là est un rêve et un slogan que nous devons tous mener. Je parle de la rupture à laquelle appelle le peuple algérien», plaide comme ligne directrice le prétendant à la présidentielle prévue le 18 avril.
Aussi, il compte bien s’attaquer à la corruption qu’il qualifie d’un phénomène attentatoire à «la sécurité du pays». Et comment comptez-vous faire pour la résorber? «Faire table rase et discuter de tous les sujets sans tabou. Il faut savoir que je ne suis pas venu pour régler des comptes mais pour assainir la situation. Si tel serait le cas, on n’en finira jamais, et on doit alors retourner à 62 (année de l’Indépendance)», estime le haut gradé de l’Armée qui se défend d’être un candidat indépendant de toute partie et qu’il ne compte que sur le peuple.
Interrogé s’il maintiendrait toujours sa candidature dans le cas où le président Bouteflika se présente pour un cinquième mandat, Ghediri semble déterminé à poursuivre la course électorale jusqu’à sa fin. «Si Bouteflika se présente ? Je vais en course électorale pour gagner que le Président s’engage ou non», a-t-il répondu. Quant à la question du parcours politique qui semble «lui faire défaut», dès lors qu’il est peu-connu de l’opinion publique, Ghediri exhibe son CV. «Je suis docteur en sciences politiques et je suis diplômé en hautes études militaires et stratégiques», a-t-il fait savoir; allusion à ceux qui doutent de ses capacités et ses compétences à prendre les rênes du pays.
Farid Guellil