Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, ont convenu lors d’un appel téléphonique consacré au partenariat entre les deux pays et les questions régionales et internationales, de tenir une rencontre bilatérale, selon un communiqué de la présidence de la République.
Il faut souligner que les relations entre l’Algérie et l’Égypte sont historiques, toujours au beau fixe et se sont renforcées au fil du temps. Le président Al-Sissi a été le premier chef d’État étranger à adresser ses félicitations au président Tebboune après sa victoire, le 12 décembre 2019, aux élections présidentielles. Les deux pays ont travaillé ensemble sur des questions politiques, économiques et régionales, et continuent de chercher à renforcer leur coopération dans différents domaines. Sur le plan bilatéral, les deux parties avaient convenu de mettre en place un partenariat stratégique fort dans tous les domaines et à tous les niveaux. Après une interruption de huit années, le Forum d’affaires algéro-égyptien s’est tenu, à Alger en juin 2022 en plus de la tenue de la 8ème session de la Grande commission mixte algéro-égyptienne. Le Forum d’affaires algéro-égyptien a été organisé sous le slogan : «Algérie-Égypte : Une histoire et des dénominateurs communs au service d’une coopération économique prometteuse». Sa réactivation a été qualifiée de grand pas vers la reprise et le renforcement des liens économiques et commerciaux entre les deux pays. Selon des sources égyptiennes, les échanges commerciaux entre les deux pays sont «maigres», ne dépassant pas les 750 millions de dollars en 2020, alors qu’elles pourraient, selon les mêmes sources, atteindre dans un avenir proche les 2 voire 3 milliards de dollars. Les deux parties espèrent, à présent, booster la coopération bilatérale entre les deux pays jalonnés d’opportunité d’échange et d’investissement.
Coopération dans le Numérique et la Cybersécurité
À titre d’exemple, le gouvernement égyptien a annoncé récemment que l’Egypte et l’Algérie sont en négociation pour la mise en place de deux nouveaux câbles sous-marins à fibre optique, reliant les deux pays, pour renforcer les infrastructures numériques. Ces câbles qui s’ajoutent ainsi aux deux autres déjà existants seront opérationnels courant 2025. Les deux parties ont convenu également de coopérer dans le domaine de la création des start-up où l’expérience algérienne en la matière a été saluée par la partie égyptienne. Selon le communiqué égyptien, ce genre de câbles permettrait l’extension de la zone géographique des données où ces dernières seront directement et rapidement transmises à l’Algérie sans avoir à transiter par l’Europe et seront par la suite, transmises de l’Algérie vers les autres pays africains et autres. Il y a lieu de rappeler, également, la réunion tenue entre le ministre égyptien des Communications et des Technologies de l’information, Amr Talâat, et le ministre algérien des Postes et Télécommunications, Karim Bibi Triki où les mécanismes de renforcement des partenariats et d’échange d’expériences entre les deux pays, dans des domaines connexes ont été examinés par les deux parties en plus d’avoir penché sur les principaux domaines de coopération proposés, notamment la réglementation du secteur des télécommunications, la cybersécurité, la transformation numérique, les services postaux, le renforcement des capacités, l’innovation, l’entrepreneuriat et l’encouragement des partenariats commerciaux ont été passés en revue par les deux parties.
Les dossiers libyen et palestinien
Sur les questions régionales, la situation en Libye notamment constitue une préoccupation commune à l’Algérie et à l’Égypte, tous deux pays frontaliers de la Libye. Les deux pays rejettent les ingérences étrangères dans les affaires internes de ce pays voisin car Alger et le Caire estiment que les immixtions étrangères alimentent le conflit dans ce pays. La Libye avec le soutien de l’Algérie notamment tente d’organiser des élections, seule issue en vue pour mettre fin au conflit. L’Égypte est aussi un pays frontalier de la bande de Ghaza et la Palestine constitue une question centrale pour l’Algérie. Cette même position a été entérinée par les pays membres y compris l’Égypte lors du sommet arabe tenu en Algérie. Le gouvernement algérien, qui a toujours soutenu la Palestine, a décidé d’envoyer 30 millions de dollars à l’Autorité palestinienne pour aider à la reconstruction de la ville de Jénine en Cisjordanie occupée, dévastée par une opération militaire israélienne. Outre ces questions régionales, les deux pays ne sont pas également à l’abri de toutes ces mutations qui s’opèrent à l’échelle mondiale où les Occidentaux tentent de garder leur hégémonie dans un ordre mondial unipolaire et les autres pays dont l’Algérie et ses alliés, qui luttent pour un monde plus équitable, plus juste et surtout multipolaire. La réponse ne devrait être que commune pour défendre leurs intérêts d’où la nécessité pour l’Algérie et l’Égypte – deux puissances régionales- de renforcer leur coopération et de rapprocher leurs points de vue pour faire bloc contre les Occidentaux.
Sommet Russie-Afrique et Brics
La rencontre entre les deux chefs d’État pourrait intervenir fin juillet en marge du deuxième Sommet Russie-Afrique placé sous le slogan « pour la paix, la sécurité et le développement » qui se tiendra à Saint-Pétersbourg où les deux Présidents pourraient être présents. Les préparatifs du deuxième Sommet Russie-Afrique et du Forum économique et humanitaire Russie-Afrique sont en cours avec la mise en œuvre des plans et des objectifs fixés lors du premier Sommet et Forum économique Russie-Afrique, ainsi que des négociations avec les pays africains sur de nouveaux projets conjoints. Plus de la moitié des pays africains ont confirmé leur participation au plus haut niveau, malgré la pression constante exercée sur eux par l’Occident en vue de leur faire annuler leur voyage en Russie, a déclar,,é le 30 juin, le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov. À l’issue de l’évènement, un plan d’action pour les domaines prioritaires de coopération sur la période de 2023 à 2026 devrait être adopté. Les deux pays sont également tentés par une adhésion au groupe économique des BRICS formé par les pays dits émergents à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique de Sud, présidente en exercice de ce club concurrent du G7. L’Algérie et l’Égypte ont toutes les deux, formulé des demandes d’adhésion. Elles seront fixées le mois d’août prochain à l’occasion du Sommet de ce puissant groupe qui se tiendra en Afrique de Sud. Les échos sont plutôt favorables pour l’adhésion de ces deux pays. « Quant aux candidats concrets, ils sont tous forts : L’Algérie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte. Ils sont tous des leaders du monde arabe et islamique. Leur entrée enrichirait sans doute les Brics », avait déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Cette question pourrait également être abordée, à se fier à Oleg Ozerov, chef du Forum de partenariat Russie-Afrique, lors du sommet Russie-Afrique qui doit avoir lieu les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Brahim O.