Face au statu quo entretenu des années durant par le Conseil de sécurité sur la question sahraouie face à l’occupation marocaine reconnue, pourtant, comme telle par le droit et la communauté internationaux, dont acte la dernière résolution sur la prorogation du mandat de la Minurso qui n’est qu’une mise à jour de la politique de fuite en avant, l’Algérie constate avec regret un risque de dénaturation du conflit au détriment du processus onusien pour la résolution du conflit opposant le Maroc et le Front Polisario.
En effet, en première réaction officielle sur la résolution 2654 adoptée le 27 octobre dernier, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a rendu publique, hier, une déclaration pour dénoncer l’attitude d’inertie entretenue par le Conseil de sécurité. « L’examen par le Conseil de sécurité du rapport du Secrétaire général des Nations unies qui inclut des vues de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental offrait au Conseil une précieuse occasion de peser sur la situation dans le sens de la promotion effective de la décolonisation du territoire à travers l’exercice par son peuple de son droit imprescriptible à l’autodétermination », déclare d’emblée Alger, pour qui la dernière résolution sur la mission onusienne pour l’organisation du référendum au Sahara occidental ne déroge pas à ses précédentes. Notamment « depuis la remise en cause, par la puissance occupante, de ses engagements envers le plan de règlement porté par la résolution n. 690 (1991) », rappelle le MAE.
Dès lors, Alger qualifie la résolution du 27 octobre sur le Minursu « d’un exercice laborieux de rédaction dépourvu de la volonté d’orienter et de stimuler des efforts destinés à préserver la nature de la question du Sahara occidental et à lui appliquer scrupuleusement la doctrine et les bonnes pratiques des Nations unies en matière de décolonisation ».
Tout en saluant la position d’abstention de deux pays lors du vote de cette résolution, Alger affirme que le Conseil de sécurité « aurait gagné à suivre » la voix de la Russie et le Kenya « pour faire œuvre utile ».
Pour ce qui est de la mission dirigée par l’Envoyé personnel, Staffan de Mistura, en elle-même, l’Algérie, qui dit comprendre et encourager cette démarche, estime que la Minurso « méritait que le Conseil de sécurité le renforce par un mandat proactif et un soutien vigoureux pour lui assurer un même niveau de coopération des deux parties, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, en particulier de la puissance occupante, dont les conditions préalables visent à rendre concevable une parodie de solution se traduisant par une annexion territoriale par la force et le fait accompli. »
Et au MAE de poursuivre que « L’Algérie, qu’anime un sens élevé de ses responsabilités, tant envers le peuple du Sahara occidental qu’envers la région dans son ensemble comme en ce qui concerne l’effectivité des Nations unies, constate avec regret un risque sérieux de dénaturation et d’érosion du processus qui serait préjudiciable à la paix, à la stabilité et à la sécurité régionales », d’autant plus que le Maroc continue à violer le peuple sahraoui dans ses territoires.
« En ces moments de grandes incertitudes planant sur la scène mondiale, l’attachement aux buts et principes de la Charte des Nations unies au Sahara occidental se présente comme un test de crédibilité des professions de foi dans l’indivisibilité des valeurs devant régir une Communauté internationale pacifique, conviviale et juste », conclut le MAE.
Farid Guellil