à la lumière du dernier attentat, d’ampleur, perpetré par Al Qaïda au Maghreb, les analystes au Nord-Mali préfigurent une nouvelle réorientation de la mouvance terroriste toute entière.Depuis des mois, le chef emblématique de l’Alliance Nosrat al-Islam se fait très discrect, et pour cause. Il a été, assure-t-on, approché par des officiels de bamako, via des intermédiaires de son entourage à Kidal, pour déposer les armes et s’incruster dans le jeu d’une solution politique négociée.
On ne sait pas quelles furent les conditions d’Iyad, mais le fait d’avoir prêté oreille à de telles proposituions, ont fait de lui un personnage désormais à surveiller comme le lait sur le feu par ses propres lieutenants de Nosrat. On se rappelle que, pour des raisons spécifiques, le commandement de Nosrat al-Islam wal Muslimine, vaste conglomérat de groupes islamistes d’obédience djihadiste, a été donné à Iyad Ghali, un natif de Kidal, mais on sait que c’est AQMI qui détient « la légitimité djihadiste » des opérations de la branche-mère qui était le vrai pouvoir.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la dernière opération d’Al Qaïda. En effet, 10 Casques bleus tchadiens ont été tués et au moins 25 autres blessés, dimanche 20 janvier, dans le nord du Mali en repoussant une attaque près du village d’Aguelhok, a annoncé la Minusma, la mission de l’Onu dans le pays. L’attaque a été par la suite revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), démontrant que ce mouvement terroriste conserve une importante force de frappe, estimait Wassim Nasr, journaliste et spécialiste des mouvances jihadistes. »
« Cette offensive démontre qu’ils ont toujours les capacités de conduire une attaque complexe […] et qu’ils conservent des capacités logistiques et d’organisation non-négligeables, malgré les efforts militaires importants de l’armée malienne ou des forces françaises », explique-t-il.
Plus de cinq ans après le début de l’opération française au Mali, la situation sécuritaire dans le pays peine à retrouver un semblant de normalité. Quelle en est la véritable cause ? Le bourbier sécuritaire malien est-il si compliqué que même une des plus grandes puissances militaires au monde peine à y rétablir la sécurité ? Ou, comme le pensent beaucoup, la France entretient cette situation de «plus de guerre que de paix» pour en tirer un maximum de profit ?
Cette situation de «ni guerre, ni paix » au Nord-Mali est aussi induite par la longue et périlleuse présence française au Mali. Si l’on lit la presse malienne attentivement, l’on constate que cette situation commence à agacer les officiels.
« La souveraineté du Mali est, plus que jamais, mise entre parenthèses. Le pays compte pour assurer sa propre sécurité sur des forces étrangères. Malgré les moyens mis à leur disposition, Minusma et Barkhane peinent à combler les attentes sécuritaires des Maliens. La logique voudrait que toute intervention militaire étrangère dans un pays souverain ait comme résultante l’amélioration de sa condition sécuritaire. Aujourd’hui, même si l’on est loin de l’occupation des 2/3 du territoire malien, le constat n’est guère luisant », peut-on lire notamment dans la presse de Bamako.
I. M. Amine