À en croire le bilan du ministère du Commerce, le dispositif de permanence des commerçants a été respecté à 99,93%, le premier jour de l’Aïd El-Fitr sur tout le territoire national, selon le communiqué du département ministériel de Kamel Rezig.
Le constat sur le terrain, révèle le contraire du bilan. Ils ont été très nombreux les commerçants à enfreindre les instructions par le maintien de leurs rideaux baissés, laissant les citoyens dans l’incapacité à pouvoir s’approvisionner et d’autres à faire des kilomètres pour tomber sur un commerce ouvert. Dans un communiqué rendu public, hier, le département de Kamel Rezig parle d’un dispositif de permanence respecté à 100% à Alger, de 99.98% à Sétif, de 99,95 % à Annaba, de 99,83% à Batna, de 100% à Béchar, de 99,96% à Oran, et de 100% à Ouargla. Mais force est de dire que ces chiffres sont loin de refléter la réalité du terrain car durant ces deux jours de l’Aïd El-Fitr, la capitale ressemblait plutôt à une ville morte où aucune activité commerciale n’a été assurée. À l’exception de quelques-uns, la majorité des commerces ont maintenu leurs rideaux baissés sur les 50 000 appelés à assurer la permanence. Les citoyens ont été encore une fois contraints de parcourir des kilomètres à pied pour faire leurs emplettes en produits nécessaires. Il est à noter, d’ailleurs, que même les transports en commun, incluant bus et taxi, étaient aux abonnés absents notamment au premier jour de l’Aïd. Tout cela pour dire que le ministère du Commerce peine à faire respecter ses décisions et ses plannings et cela pas uniquement durant l’Aid mais même durant le mois sacré de Ramadhan où l’on assiste depuis plusieurs années à une folle augmentation des prix et une mainmise des spéculateurs en dépit de toutes les mesures et dispositions prises pour faire face à ce phénomène. Les commerçants ont encore une fois été indélicats, car en plus de ne pas respecter les prix fixés, provoquer des pénuries en recourant au stockage des produits, ces derniers refusent d’assumer leur responsabilité durant les périodes de fêtes en laissant des citoyens en plomb et livrés à eux mêmes. À rappeler que 49 853 opérateurs économiques ont été mobilisés dans le cadre de la permanence de l’Aïd El-Fitr pour garantir aux citoyens un approvisionnement régulier des matières de large consommation et lui assurer les services nécessaires.
«Des commerces ouverts mais pratiquement vides »
Pour le président de l’association nationale de protection et d’orientation des consommateurs (APOCE), Mustapha Zebdi, les permanences de l’Aïd ne sont qu’une formalité pour la plupart des commerçants. Selon lui, même si la permanence était respectée, le problème se trouve au niveau de la disponibilité des produits, d’autant que l’Aïd a été célébré après le week-end. Pour Zebdi, beaucoup de commerçants ne se sont pas approvisionnés en produits essentiels tels que les fruits et légumes. « Les commerçants ouvrent leurs boutiques seulement pour éviter les sanctions, mais sans pour autant proposer les produits nécessaires » a relevé la même source. D’autre part, Zebdi a tenu à rappeler que le mois sacré de Ramadhan a été marqué par « une augmentation sans précédent des produits de large consommation ». Une situation accentuée par une pénurie ayant touché l’huile, la semoule et le lait, que le ministère du Commerce n’a pas réussi ni à atténuer ni à régler.
Ania Nch