Jamais la justice algérienne n’a été aussi interpellée comme c’est le cas depuis l’avènement du 22 Février. Rude épreuve pour la justice algérienne. En moins de trois mois, les affaires de lutte contre la corruption, impliquant des hauts fonctionnaires de l’État, ainsi que des hommes d’affaires se multiplient. Ainsi, l’institution judiciaire est sous les feux de la rampe. Le ministère de la Justice, quant à lui, dirigé par Slimane Brahimi, depuis le 31 mars dernier, vit, sans doute, ses jours les plus difficiles. D’ailleurs, le département de la Justice est plus que jamais appelé à démontrer ses compétences et singulièrement son indépendance. En ce sens, plusieurs affaires de justices seront au-devant de la scène en ce mois de mai. L’affaire des conservateurs fonciers de Kamel Chikhi, celle de Louisa Hanoune, Ali Haddad, l’ex-wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, ou encore le général à la retraite Hocine Benhadid… sont autant de dossiers sur lesquels la justice aura à se pencher.
Kamel Chikhi devant le tribunal le 22 mai
Dans le détail, le Tribunal correctionnel de Sidi M’hamed (Alger) aura à traiter l’affaire des conservateurs fonciers de Kamel Chikhi, dit « El boucher », le 22 mai prochain. En attendant d’ouvrir le dossier de l’affaire des 701 kg de cocaïne saisis au port d’Oran, les Algériens se contenteront d’avoir les détails quant aux documents, livrets fonciers et actes de propriété relatifs à la société de « Kamel El Boucher ». Le prévenu, en détention provisoire, est poursuivi avec douze autres prévenus, dans quatre affaires, dont celle du trafic de cocaïne qui « n’est pas encore enrôlée », a précisé une source judiciaire à l’APS. L’ex-ministre de la Justice avait indiqué que l’enquête instruite dans l’affaire de saisie de plus de 700 kg de cocaïne avait révélé l’implication de plusieurs personnes dans des faits liés à la corruption et pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations. L’enquête préliminaire s’est soldée par le déferlement de suspects devant la justice pour corruption et pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations au profit du principal accusé dans l’affaire de cocaïne, mais dans le cadre d’une autre mission et d’une autre activité (promotion immobilière), a-t-il ajouté.
Hanoune devant le juge d’instruction le 20 mai
De son côté, Louisa Hanoune se présentera, le 20 mai prochain, devant le tribunal militaire de Blida qui l’auditionnera, alors qu’aucune information officielle n’a filtré au sujet des motifs de son arrestation. Tout ce que l’on sait à présent, est le fait que la secrétaire générale du Parti des travailleurs, a fait appel de la décision du juge d’instruction de sa mise en détention provisoire. Selon un communiqué du parti, cet appel sera examiné lors de l’audience programmée le 20 mai 2019. Le PT a également indiqué, dans son communiqué, que « le collectif des avocats a pu voir, pour la première fois ce dimanche, Louisa Hanoune à la prison de Blida où elle est incarcérée depuis jeudi 09 mai ». Pour rappel, Louisa Hanoune a été placée, jeudi dernier, en « détention provisoire » par le tribunal militaire de Blida dans une prison civile de cette wilaya.
Elle a été convoquée auparavant par le juge d’instruction près le tribunal militaire de Blida pour être entendue dans le cadre de l’enquête ouverte contre Athmane Tartag, Mohamed Mediène et Saïd Bouteflika, poursuivis pour « atteinte à l’autorité de l’Armée et complot contre l’autorité de l’État ».
Le général Benhadid sous mandat de dépôt
Par ailleurs, le général à la retraite, Hocine Benhadid, a été arrêté, avant-hier, et placé sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach, selon son avocat. Celui-ci a été incarcéré en raison d’une lettre publiée sur le journal El Watan. Selon son avocat, Me Bachir Mechri, le général à la retraite a écrit cette lettre pour soutenir le chef d’état-Major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah. Selon les explications fournies par Me Mechri, la « lettre affecte le moral de l’Institution militaire et menace la sécurité du pays ».
Ali Haddad jugé pour faux et usage de faux
Par ailleurs, l’ex-Président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad, comparaîtra devant le Tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs, le 20 mai prochain, pour faux et usage de faux, a-t-on appris auprès de son avocat Me. Khaled Bourayou. « M. Haddad est poursuivi pour faux et usage de faux dans l’affaire des passeports », a fait savoir Me. Bourayou sans donner plus de précisions.
Pour rappel, l’ex-président du FCE avait été appréhendé, au poste frontalier Oum Téboul (El Tarf), s’apprêtant à quitter le territoire national en direction de la Tunisie. Ainsi, aucune affaire de corruption n’a été déclenchée contre le concerné, bien que les affaires de celui-ci sont toujours au centre des scandales. À ces affaires s’ajoute, les informations relatives à la convocation prochaine de l’ex-wali d’Alger, Abdelkader Zoukh. Dans tous les cas de figures, ces affaires redorent le blason de la justice algérienne, mais le chemin reste à faire surtout que le débat autour de l’indépendance de la justice s’accentue ces derniers jours.
Lamia Boufassa