Encore une perte sèche pour l’Etat marocain dans l’affaire dite « Samir », nom donné à la plus importante société spécialisée dans l’industrie de raffinage au Maroc, et dont les Saoudiens détiennent la majorité des actions.
Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) qui dépend de la Banque mondiale a tranché, ce lundi, l’arbitrage qui opposait Corral Petroleum Holdings (actionnaire majoritaire avec 67,27 %) de la société de raffinage Samir et l’Etat marocain (Groupe Holmarcom avec 5,78 %). La décision du CIRDI portée en faveur de la société dirigée par Mohammed al-Amoudi- homme d’affaire né éthiopien et naturalisé saoudien-a sommé le Maroc de payer à Samir 150 millions de dollars américains comme réparations financières.
Cette affaire remontre à il y a cinq ans lorsque le patron de Samir a porté plainte contre l’Etat marocain qui a décidé de mettre sous redressement judiciaire l’unique raffinerie sur son sol. Et ce, sous prétexte que le partenaire saoudien n’aurait pas tenus ses engagements contractuels. Bien que les Saoudiens ont demandé une indemnisation bien plus importante, le Maroc, au-delà de débourser 150 millions de dollars sur le compte du trésor du Royaume, vient d’essayer un revers juridique qui en dit long sur la politique de bradage de l’économie qui caractérise sa gestion des affaires publiques.
Pour preuve, cette entreprise publique privatisée en 1997 dans une opération controversée qui s’apparentait alors à une cession « au dirham symbolique » a été soulevé un tollé général à cause des violations de la procédure prévue par la loi.
Face à ce énième affront sur le plan économique a contraint le Makhzen à actionner sa propagande médiatique pour tenter de minimiser les dégâts sur le plan politique. C’est le comble du paradoxe. En effet, lorsqu’on lit la presse marocaine, on s’en aperçoit que la majorité des organes, tous supports et tendances confondues, ont repris le même titre ou presque : « Le CIRCI rejette la majorité des demandes de Corral » De la pure désinformation destinée à la consommation locale. Un titre mensonger cousu de fil blanc et transcrit par les médias sous la dictée du Makhzen. Mais qui peut bien croire une telle déformation des faits ?
Cette affaire intervient quelques jours seulement avec le scandale de Maroc Telecom contraint à payer plus de 500 millions de dollars pour concurrence déloyale à l’encontre d’une entreprise concurrente. Le Royaume du Maroc qui figure dans le top 10 des pays les plus endettés en Afrique continue ainsi à s’enfoncer dans la crise financière.
C’est la Banque mondiale qui le dit. Elle a estimé que l’encours total de la dette extérieure du Royaume s’élevait à 65,414 milliards de dollars en 2021. Ce qui était ou presque le même chiffre de l’exercice précédent, 2020, à savoir.
Dans son rapport 2022, l’institution de Bretton Woods indiquait que ces 65,414 milliards USD comprenaient l’utilisation du crédit du FMI chiffré à 4,085 milliards USD contre 3,906 milliards en 2020. C’est dire le recours systématique à l’endettement extérieur pour un Royaume qui fait peu cas de la situation économique et encore moins des conditions sociales des « sujets » du Roi.
Farid Guellil