«L’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce est une nécessité, et le processus de cette adhésion doit être accéléré», estime le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, El-Hadj-Tahar Boulenouar.
C’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et représente le centre des débats au milieu des institutions et organisations nationales et même au niveau du Parlement. L’Algérie doit-elle adhérer à l’OMC et quelles sont les répercussions et les avantages de cette adhésion ? C’est ce que le porte-parole de l’UGCAA a en effet voulu mettre en avant, hier, lors d’une conférence de presse en son siège à Alger.
«Cela fait plus de trente ans que l’Algérie n’arrive toujours pas à se décider, si elle doit devenir membre à l’OMC ou pas», a déploré Boulenouar qui a considéré qu‘il faudrait vite rattraper ce retard. Il a réitéré à l’occasion la position de l’UGCAA qui, en effet, soutient le gouvernement pour une accession à l’Organisation mondiale du commerce. Pour expliquer ce changement de position car il faudrait bien rappeler que l’UGCAA s’était longtemps interposée à l’idée que l’Algérie rejoigne l’OMC, Boulenouar a considéré dans ce sens que «cette adhésion n’apportera que du bien pour l’économie nationale et permettra notamment de lutter contre le marché informel et développera la culture de transparence dans les transactions commerciales». «D’autant plus que cela encouragera les entreprises nationales à augmenter la production locale en quantité et en qualité», a-t-il encore estimé. Faisant le lien entre le marché national et le marché mondial, le conférencier a indiqué que la plupart des produits consommés en Algérie sont importés de l’extérieur. Selon lui, 95% des entreprises sur les 40 000 spécialisées dans l’import-export n’exercent seulement que dans l’importation. «Alors autant le faire puisque déjà notre marché est dominé par la marchandise ramenée de l’extérieur».
Boulenouar qui n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur les parties qui bloquent l’adhésion de l’Algérie à cette Organisation mondiale, en les accusant de mettre de la pression sur les pouvoir publics afin de maintenir leur position sur le marché national. «Soit ces gens ne sont pas conscients de l’importance de cette démarche, soit ils ont des intérêts à protéger et ont peur de la transparence dans les échanges commerciaux», signale le porte-parole de l’UGCAA. Pour donner plus de poids à ses propos, El-Hadj-Tahar Boulenouar a cédé la parole à un expert en économie et ancien conseiller au ministère du Commerce, Toumi Abderrahmane, et qui a également encouragé la démarche de rejoindre l’OMC. L’expert qui s’est interrogé sur les raisons d’un retard flagrant, a rappelé que puisque l’Algérie est déjà membre au FMI et à la Banque mondiale, il n’y a rien qui puisse l’empêcher de faire partie de l’OMC. Car, selon lui, ce triangle (l’OMC, le FMI et la Banque mondiale) représente l’activité économique mondiale. Dans le même cadre d’idées, il prétend que le marché national aurait besoin d’une mise à jour et d’une organisation car il se trouve être dominé par le diktat des barons. De plus «70% des produits importés sont de troisième ou de quatrième choix, et qui ne répondent pas aux normes imposées par l’OMC, ce qui met en péril la santé et la sécurité des consommateurs algériens». À cet effet, l’expert préconise d’asseoir et d’encourager la transparence dans les échanges commerciaux afin de lutter contre les pratiques frauduleuses, tout en signalant l’absence d’une institution de contrôle efficiente en Algérie. «Il faut donc aller directement vers l’adhésion afin de soumettre notre économie à un contrôle à travers la transparence», conclut-il.
Ania Naït Chalal