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Accord UE-Turquie : à Lesbos, les nouveaux arrivants devront être renvoyés en Turquie

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À moins de faire leur demande d’asile en Grèce et d’y rester, tous les migrants arrivés depuis dimanche sur les îles grecques doivent être renvoyés en Turquie.
«Il paraît que nous sommes les derniers réfugiés arrivés à pouvoir rejoindre le continent européen, les prochains seront renvoyés en Turquie… Mais est-ce vrai ? Mes parents et mes sœurs restés en Syrie ne pourront pas venir me rejoindre ? » s’interroge Abdullah, un Syrien de 22 ans, arrivé samedi sur l’île grecque de Lesbos, située à seulement quelques miles des côtes turques.
À un jour près, cet étudiant en économie aurait dû, en effet, rejoindre le camp de Moria, un des cinq centres d’enregistrement et d’identification se trouvant sur les îles grecques. Il a finalement embarqué sur le ferry Eleftherios Venizelos en direction d’Elefsina, une banlieue d’Athènes.
Les autorités grecques tentent, depuis samedi, de convaincre les réfugiés arrivés avant le 20 mars de rejoindre les centres d’accueil sur le continent afin de se concentrer dans les îles sur la dure tâche qui les attend : enregistrer les demandes d’asile des réfugiés qui souhaitent rester en Grèce, organiser l’expulsion des autres vers la Turquie. Mais rien qu’à Lesbos, près de 2 000 personnes doivent toujours être déplacées vers Athènes ou le nord de la Grèce.

Système à deux vitesses
Mariam, elle, est moins chanceuse qu’Abdullah. Arrivée dimanche à l’aube à bord d’un canot surchargé avec une cinquantaine de personnes, la jeune Syrienne avait suivi les décisions prises au sommet européen, mais pensait que l’accord n’entrerait en vigueur qu’à partir de lundi. « Je croyais être arrivée à temps pour pouvoir aller en Grèce, puis ensuite essayer de rejoindre mes frères et sœurs qui se trouvent en Suède… », avoue-t-elle, émue.
Effy Latsoudis, une bénévole grecque du groupe « Lesbos Solidarity », est désemparée face à ce système à deux vitesses entre les réfugiés arrivés avant dimanche et les nouveaux arrivants : « Les réfugiés nous demandent ce qu’ils vont devenir, nous ne savons pas quoi leur répondre, tellement la situation est désespérante. Certains vont être envoyés sur le continent, où ils seront probablement emmenés dans des centres d’accueil, mais où leur avenir est aussi incertain. Ceux arrivés depuis dimanche sont transportés jusqu’au camp de Moria avant d’être expulsés en Turquie… »

« Mauvais signe »
Mariam a donc été transportée dimanche à Moria, le camp doit être considéré désormais comme « fermé » d’après le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Certaines ONG ont toujours accès au lieu, mais les réfugiés ne peuvent plus faire des va-et-vient comme auparavant, notamment pour acheter leurs billets de bateau vers Le Pirée, et les médias sont strictement interdits alors que des fourgons de police sont positionnés en dehors du camp. En désaccord avec cette décision d’enfermer les réfugiés, le HCR a cessé lundi de transporter les migrants depuis la côte de l’île vers le centre. C’est la police grecque qui se charge de les acheminer. « Un mauvais signe » pour Giorgia, une bénévole d’Athènes qui travaille à Lesbos depuis deux mois. « Nous nous dirigeons vers une gestion répressive de la crise migratoire, et c’est un gouvernement de gauche radicale qui met cela en place, c’est un comble ! » ajoute-t-elle dépitée.

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