Le Courrier d’Algérie : Le retour du crédit à la consommation fait le bonheur des consommateurs. Vous qui aviez, en 2008, avant l’interdiction de ce type de crédit, expliqué que l’Algérie ne connaîtrait pas de crise de crédit, que pensez-vous de cette décision ?
Abderrahmane Benkhalfa : C’est une bonne chose pour les banques car il faut savoir que cette gamme existe dans toutes les banques dans le monde et permet de dynamiser le système bancaire. C’est vrai que le crédit immobilier est en train de se développer mais ce segment est très important pour le marché bancaire. Avant son interdiction, c’est vrai que l’Algérie n’a pas connu de crise de crédit… Le marché du crédit demeure confidentiel en Algérie, et représenterait de 8 à 10% du portefeuille des banques: la particularité de notre économie est que le marché du crédit demeure sain, car les deux-tiers des crédits octroyés concernent l’immobilier, un secteur qui booste le développement de l’économie nationale. Le crédit à la consommation représente environ 10% des engagements des banques de la place en Algérie. Ce segment, faut-il le reconnaître, n’a pas encore atteint des proportions importantes, mais il est en progression. Sur les 2 600 milliards de dinars de crédits octroyés durant l’exercice précédent, 250 milliards ont été dédiés à la consommation dont 110 milliards dinars, soit 60%, pour l’immobilier.
Devant les risques que pourrait engendrer ce créneau, s’il venait à se développer davantage, notamment en matière de surendettement des ménages, l’État a pris les dispositions nécessaires. Afin de maîtriser l’explosion du marché du crédit à la consommation, je pense que toutes les dispositions sont prises pour prévenir un surendettement. Les structures d’encadrement qui vont prochainement être mises en place devraient y pallier. Une Centrale des risques, relevant de la Banque d’Algérie, devra être opérationnelle pour réglementer le marché du crédit en Algérie, et conseiller les banques et les établissements financiers.Il faut savoir également que les banques algériennes disposent de leurs propres centrales internes de risques, et s’assurent elles-mêmes de la santé financière des demandeurs de prêts.
Qu’en est-il pour le type de produits qui seront concernés par ce crédit ?
Justement toute la difficulté est là. Les banques doivent attendre que le gouvernement leur soumette les listes des produits concernés par le crédit. Les banques ne sont pas habilitées à déterminer les produits, ce sont les pouvoirs publics qui doivent fixer la liste afin qu’elles puissent les intégrer dans leur système d’information. Comme ça, lorsque le client se rapproche de la banque pour contracter un crédit, le banquier doit vérifier si le produit figure dans la liste des marques. Le calcul du crédit, le taux d’intérêt, le remboursement et sa durée, toutes ces activités sont des prérogatives de la banque.
On sait déjà que le taux d’intérêt bancaire ne sera pas bonifié, quel sera ce dernier à votre avis ?
Le taux de marché est un taux qui n’est pas bonifié. Il variera normalement entre 5 et 8% selon les capacités de chaque banque. Il y aura également des traitements de faveur de la part de la banque pour ses clients particuliers. Je dirai seulement que pour ne pas tomber dans l’engrenage du surendettement, la tutelle compte maîtriser ce marché à l’aide d’un contrôle plus vigoureux. Il est question ainsi de vérifier à chaque fois le lien entre la quotité de l’endettement à rembourser et le revenu régulier du client. Une chose est certaine, le crédit à la consommation peut être un bon levain pour l’économie pour peu qu’il tire la croissance du pays. Il faut savoir toutefois qu’en 2008, le niveau des impayés était faible, puisqu’il se situait entre 2 et 2,5%. C’est loin d’être un engrenage, mais il faut prendre les dispositions requises en responsabilisant à la fois les emprunteurs et en achevant les instruments de contrôle dont la Centrale des risques.
Entretien réalisé par I. B.
5 à 8% comme taux d intérêt est trop élevé pour les ménages,vu le coût de la vie et l’inflation .
Normalement le taux doit être symbolique.
Les banquiers doivent être épargnés de ces taux pour les encouragés à bien menés leurs travail.