L’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) saisira la Justice contre toute partie ou personne, sur lesquelles elle disposera de preuves concrètes, tentant d’entraver le déroulement de élection présidentielle du 12 décembre prochain.
Une mise en garde qui vise les P/APC notamment, dont un nombre d’entreux avait annoncé publiquement son refus d’encadrer l’opération de révision du fichier électoral au niveau des communes. «Les président d’APC sont libres d’exprimer publiquement leur opinion politique. Mais ils n’ont aucun droit d’entraver ou inciter des citoyens à entraver le déroulement du processus électoral. L’article 51 de la loi portant sur le régime électoral est clair. Elle prévoit des peines pénales allant d’une amende à l’emprisonnement», a mis en garde, hier, au Forum d’El-Moudjahid, Abdelhamid Milat, vice-président de l’ANIE. “Si des preuves concrètes sur des personnes incitant à l’entrave du processus électoral parviennent à l’ANIE, toutes les mesures nécessaires seront prises. Nous ne toléreront à aucune personne d’entraver l’élection”, a-t-il menacé, estimant que le nombre des P/APC qui ont refusé d’encadrer le processus de révision de fichier électoral “ne dépassant pas les 5 %”. Sur les vidéos et photos montrant des blocages au niveau des entrées des bureaux des services des élections dans certaines APC, qui ont circulé largement sur les réseaux sociaux, Milat a estimé qu’il s’agit “d’actes isolés, non démocratiques et immoraux.”. “Ceci est similaire à la loi de la jungle”, a-t-il commenté, avant de minimiser de l’importance de ces actes en déclarant que “si ce n’est les réseaux sociaux qui les ont amplifiés, personne n’en aurait entendu”.
Le Premier ministre, Noureddine Bedoui, a instruit, lundi dernier, les membres du gouvernement et les institutions publiques de mettre à la disposition de l’Autorité nationale indépendante des élections, “tous les moyens” » lui permettant l’organisation “dans les meilleures conditions”, l’élection présidentielle du 12 décembre prochain. Interrogé sur cette question, Abdelhamid Milat a souligné que l’ANIE est “totalement indépendante” de l’administration et que le président de l’ANIE lui a indiqué littéralement que “si, ne serait-ce que l’espace d’un instant que je sentirais que l’Autorité est non-indépendante, alors je démissionnerais dès l’instant”.
Durant son échange avec les journalistes, Milat a eu des difficultés pour dissiper certains points confus et zones d’ombre concernant l’indépendance effective de l’ANIE, préférant, à plusieurs reprises, se cacher derrière l’argument de “facteur temps”, du fait que l’ANIE a été installée récemment et se trouverait déjà mise au défi de la révision du fichier électoral comme première mission. Ainsi l’une de ces ambigüités, l’entame par les fonctionnaires des communes du pays de la révision de fichier électoral – désigné par les partis politiques comme responsables majeurs de la fraude – alors que l’ANIE, supposée se charger de cette mission, n’a pas encore désigné les délégués communaux et de wilayas, suscitant ainsi l’épineuse question de la neutralité de l’administration.
«Traiter avec l’administration, et non pas en dépendre»
“Il y a une différence entre être dépendant à l’administration et traiter avec l’administration. Une chose est sûre: l’indépendance de l’ANIE est intouchable et l’administration ne peut aucunement influer sur ses décisions”, a-t-il défendu. Il a expliqué l’installation des commissions électorales au niveau des APC avant les délégués communaux et de wilaya par le fait de la “pression du temps”, soulignant que le travail des commissions électorales est “purement technique”, mais “le lot le plus important du travail est celui affecté aux délégués”. “Nous ne voulons pas nous précipiter dans l’installation des délégués, car ces derniers constituent le prologement de l’ANIE au niveau des APC et des wilayas.
S’ils réussissent leur mission l’ANIE réussira et s’ils échouent l’ANIE échouera”, a-t-il souligné, précisant que l’ANIE procédera dans les jours à venir à l’installation des délégués qui devront couvrir les 48 wilayas et les 1 541 communes du pays. “Jusqu’à maintenant, nous avons installé environ 544 délégués au niveau national”, a-t-il indiqué, mais quand il a été interrogé sur le mode de sélection de ces délégués, Milat a dit: “la liste des délégués est prêtes mais attendu toujours l’approbation du président de l’ANIE. C’est lui seul qui a la prérogative de les installer”.
Sur un autre registre, Milat a annoncé que les prétendants à la candidature pour la prochaine présidentielle ont jusqu’au 25 octobre pour le dépôt des formulaires des signatures, l’ANIE disposera ainsi qu’une semaine pour examiner les dossiers (dans la première phase, il sera demandé au candidat de présenter seulement une pièce d’identité, un diplôme universitaire et les formulaires renfermant les 500 000 signatures requises). Dans la deuxième phase, les candidats seront appelés à compléter leur dossier par les documents nécessaires pour les déposer, sur rendez-vous, au siège de l’ANIE. “Nous nous préparons à intégrer les moyens technologiques notamment dans la vérification et la détection des doubles signatures dans les formulaires. Nous allons aussi mobiliser de grands moyens humains et il y a la possibilité de faire recours aux délégués des APC et de wilaya pour les mettre à contribution”, a-t-il expliqué.
Milat a laissé entendre que la prochaine élection sera ouverte à “des observateurs et non pas des superviseurs étrangers”. “Nous sommes ouverts sur tout le monde. Notre grand défi est d’organiser une élection libre et transparente. Un scrutin exemplaire. Ce qui confirme aussi est que le futur président sera issu des urnes”, a-t-il indiqué.
Hamid Mecheri