Accueil ÉCONOMIE Abdelhak Lamiri : «on aurait dû avoir un minimum d’ouverture bien avant»

Abdelhak Lamiri : «on aurait dû avoir un minimum d’ouverture bien avant»

0

Le Courrier d’Algérie : Le ministre des Transports vient d’annoncer que le marché du transport aérien sera rouvert aux compagnies nationales privées, une fois toutes les procédures nécessaires finalisées, cahier des charges compris, et ce, dans le cadre d’une complémentarité avec les compagnies aériennes publiques. Ne pensez-vous pas que cette décision vient un peu tard ?
Abdelhak Lamiri : On aurait dû avoir un minimum d’ouverture bien avant. Il fallait laisser les entreprises privées continuer à opérer après le scandale Khalifa. Le problème n’est pas le secteur privé mais la qualité de la régulation. Si on a les personnes qualifiées et les méthodes qu’il faut, au contraire le secteur privé jouerait un rôle de premier plan dans le développement de l’économie. Nous payons le prix fort de ne pas disposer d’universités privées, de beaucoup de banques privées de grande taille, d’entreprises de transport maritime etc. Il faut accélérer le processus de mise en œuvre. Car très souvent il s’écoule beaucoup de temps entre une intention et la décision réelle. Il faut aller rapidement vers la mise en place d’un système aérien bien régulé. Tout le monde en bénéficiera.

Si la décision s’applique que va-t-il changer pour le transport aérien à votre avis ?
Il y aura de meilleures disponibilités de places de transport. Actuellement, il est très difficile d’accéder à ce genre de transport. Bien régulé, nous aurons une meilleure qualité des prestations de service. En principe les prix des tickets vont chuter. Beaucoup d’entreprises auront recours au fret aérien pour mieux gérer leur supply chain. Les Hauts-Plateaux et le Sud seront plus valorisés en termes d’investissement et de développement. Par ailleurs, l’État mise sur le tourisme pour diversifier l’économie, il est impossible de le développer sans une amélioration notable du secteur aérien.

Pourquoi Air Algérie, malgré toutes les difficultés qu’elle rencontre et devant la dégradation des prestations de service, garde toujours le monopole ?
Cela s’explique par le fait que la plupart des décideurs essayent de gérer une économie de marché avec la mentalité d’économie planifiée. On veut que le développement se fasse surtout par le secteur public et le secteur privé ne sera qu’un sous-traitant, un acteur secondaire. Les expériences de la vaste majorité des pays contredisent cette vision. Même en Chine, le secteur public économique ne représente que 35% de l’économie globale et il est en voie d’être de plus en plus réduit. En Algérie, il représente moins de 9% (hors hydrocarbures) de l’économie pourtant on lui accorde plus de ressources et on compte sur lui surtout pour la diversification économique.

La loi en vigueur autorise les compagnies privées à l’accès au marché du transport aérien», a indiqué Ghoul, précisant que «l’opération doit, cependant, être encadrée, en tirant les enseignements des précédents dossiers», en allusion à l’affaire de la compagnie aérienne Khalifa Airways. Est-ce une raison valable du retard dans l’ouverture du transport aérien au privé ?
Comme mentionné plus haut, la loi autorise plusieurs choses : les universités privées par exemple. Mais nous sommes le seul pays de la planète qui n’en a pas. La seule activité privée en Corée du Nord c’est l’université (Université Libre de Pyong Yong). Dans le domaine privé dans l’aérien il faudrait y aller rapidement d’autant plus que nous avons maintenant un secteur économique privé plus développé et plus performant. Certaines entreprises peuvent, sans problème, créer des entités aériennes hautement professionnelles.

Il y a une volonté des investisseurs privés de pénétrer le marché du transport aérien. Qu’en pensez-vous ?
Comme tous les secteurs qui ont été ouverts, nous pouvons aller vers une meilleure maîtrise avec une meilleure régulation. Il faut exiger un niveau de capitalisation adéquat et surtout une meilleure professionnalisation des ressources humaines. Nous pouvons créer une institution d’audit et de contrôle très performante pour exiger le respect des normes. Si nous mettons en œuvre toutes ces dispositions je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas un secteur de transport aérien public et privé performant.
Entretien réalisé par I. B.

Article précédentL 2 Mobilis (18 journée) : l’USM Blida et le RC Relizane freinés, le DRBT sur le podium
Article suivantUn «Eléphant» ne peut pas «tromper» à tous les coups

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.