La recrudescence du terrorisme dans la sous-région est, pour l’ancien responsable dans l’Institution militaire, «le cheval de Troie des Occidentaux» pour justifier, selon lui, «toute intervention militaire dans la région, surtout en Libye». Dans cet entretien qu’il nous a accordé, hier, l’ancien général-major de l’ANP, outre qu’il apporte dans ses réponses sa lecture sur les objectifs escomptés par toute intervention de pays étrangers pour lutter contre le terrorisme, mais aussi des éclairages sur cette question, soulignant que s’il y a intervention en Libye son impact sera «important et direct”.
Quelle lecture faites-vous sur la recrudescence du terrorisme dans la sous-région, notamment au Niger, Tchad, Nigeria et la Libye ?
Cette recrudescence est pour justifier l’intervention des forces étrangères dans la région, surtout en Libye. N’oublions pas que le terrorisme a toujours été utilisé par l’impérialisme occidental, comme le cheval de Troie, qui a justifié des interventions militaires étrangères dans des pays, et justifierait, encore, l’intervention dans notre région.
Vous voulez dire qu’il y a accointances entre les groupes terroristes et des pays occidentaux ?
Le véritable problème s’est l’absence de clarté et de sincérité. Es-ce que ces terroristes n’ont pas de liens avec les Alliées de l’impérialisme américain et occidental ? Je m’interroge sur le rôle que joue l’Arabie saoudite, le Qatar ou les Émirats arabes unis, quels sont leurs liens avec ces groupes terroristes? Si l’on veut réellement lutter et combattre contre le terrorisme, il y a lieu d’afficher une vision claire en la matière, pour déterminer l’action et le rôle de chaque partie, voire quels sont leurs soutiens, leurs sources d’approvisionnement pour commencer à les assécher et neutraliser l’essentiel. À partir de là toute intervention pourrait être crédible, même si, à mon sens, les bailleurs qu’ils prétendent défendre ne sont pas simples, ne sont pas là, qu’ils doivent commencer d’abord à agir sur leurs alliées en question avant les terroristes.
Recrudescence d’actes terroristes dans des pays de la sous-région, dont certains abritent des forces militaires étrangères, notamment françaises, au Tchad, au Nord-malien, pour combattre le terrorisme, ne signifie pas l’échec de ces opérations militaires étrangères ?
à partir du moment qu’il y ait action contre la volonté des populations refusant toute intervention étrangère, c’est un principe cardinal, en l’absence de soutien de ces populations, l’action est vouée à un échec. Vous ne pouvez pas agir contre la volonté des populations, dans ce cas de figure, ou en mettant de côté ces populations, celles-ci doivent participé et être associées, sur leur sort, cela va de leur avenir, pour rendre toute action crédible.
Qu’en est-il de l’intervention militaire étrangère en Libye qui se précise ?
Concernant la Libye, il ne faut pas perdre de vue ce qui se passe en Syrie et au Yémen, et aussi ce qui se passe en Europe, les bouleversements que connaît l’UE à cause des vagues des réfugiés justifie l’action de l’intervention en Libye, qui est coordonnée, d’ailleurs, par l’Italie, la France et les États-Unis, devant leur opinion publique respective, pour eux, ils agissent contre ces menaces. Alors que toute intervention étrangère en Libye va aggraver davantage la situation, déjà chaotique dans ce pays, depuis cinq ans. Je vais le souligner, encore une fois, le problème libyen ne peut être réglé que par les Libyens qui devront être en mesure de le faire par eux-mêmes. Il faudrait faire cesser toutes les actions étrangères, qui sont menées dans ce pays, lesquelles alimentent et attisent la discorde entre les différents courants et groupes libyens. Je vous rappelle que notre pays a abrité des réunions des Libyens représentant les différents courants politiques dans ce pays, toutes les tendances, ici, réunis. Je ne comprends pas pourquoi ces puissances occidentales n’ont pas appuyé cette volonté de réunir les Libyens et de les aider à trouver, eux-mêmes, la solution pour leur problème.
Quel sera l’impact sur l’Algérie de l’intervention militaire étrangère en Libye, qui se précise, d’ailleurs?
S’il y a intervention étrangère dans ce pays voisin, son impact est important et direct. Les Libyens reconnaissent et savent, et c’est un atout, que notre pays n’a jamais tenté ou exploité les différends et les divergences entre les Libyens. Au contraire, notre pays a toujours œuvré et essaie à ce que les Libyens trouvent un terrain d’entente pour trouver un commun accord au règlement de leur problème. Quant à l’impact sur notre pays, celui-ci a toujours existé et, là nous devons multiplier, encore, notre vigilance et si ces puissances occidentales sont sincères, elles n’ont qu’à appliquer les différentes Résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, concernant la coopération et la coordination des actions pour la lutte antiterroriste. Que les États-unis, la France et l’Italie fournissent les informations et renseignements à l’Algérie, l’Égypte et la Tunisie pour que ces derniers puissent lutter contre toute tentative de pénétration et d’infiltration des groupes terroristes. Il faut faire tomber les masques, il faudrait que l’hypocrisie disparaisse et que la vision des Occidentaux soit claire, par la pratique et non les discours sur la lutte contre le terrorisme.
Entretien réalisé par K. B.