Les malades cœliaques ou les personnes intolérantes au gluten continuent de souffrir du manque dans la disponibilité et la diversité des aliments de consommation courante sans gluten. Rencontrés, hier, un bon nombre de patients cœliaques estiment que les farines et autres produits alimentaires sans gluten (biscuits, pâtes,….) sont très rares sur le marché algérien. Ils précisent, d’autre part, que les aliments diététiques commercialisés sont pour la plupart importés et coûtent six fois plus chers que les produits habituellement consommés : «Vous savez, une baguette de pain, sans gluten «de marque importée» coûte 450 DA et un sachet de farine de 500 g, 250 DA, c’est vraiment trop cher !», réplique en colère, Ibrahim, un hypersensible au gluten, rencontré devant un magasin à Draria. Lyes, 22 ans, qui a débuté son régime sans gluten il y a 40 jours, rencontré déprimé et très fatigué : «Il y a un manque total de produits sans gluten sur le marché algérien, c’est grave… je veux, vraiment avoir une explication claire sur cette carence ! », s’indigne-t-il. Assia, une jeune patiente nous confirme également qu’il est très difficile, aujourd’hui de suivre un régime « sans gluten ». Car pour elle, le seul remède ou traitement possible est l’élimination stricte et définitive du blé, de l’orge et du seigle dans le régime alimentaire. Estimant, en revanche que les céréales autorisées, elles se comptent sur les doigts d’une main. De même, une autre patiente, rencontrée devant une épicerie à Alger, considère que le régime alimentaire « sans gluten » est difficile à appliquer au quotidien : «D’autant plus que tous les produits existant sur le marché contiennent du gluten», ajoutant toutefois que : «peu de magasins, supérettes et autres grandes surfaces proposent les produits et les farines sans gluten». Un petit tour au niveau de quelques magasins et supérettes implantées à Alger nous a permis de constater un manque terrible en produits «sans gluten». Interrogés, certains patients interpellent, à ce sujet les autorités publiques à subventionner le pain et les produits sans gluten afin d’alléger leurs souffrances au quotidien.
«L’inexistence de boulangeries spécialisées dans la préparation du pain sans gluten, une autre préoccupation soulevée !»
Yasser, un jeune étudiant, qui suit un régime sans gluten, ni lactose depuis maintenant 3 ans, et devant le peu d’offres en pâtisseries sans gluten, il dénonce : « cela fait un bon moment que je cherche à avoir de nouveau le plaisir de manger des pâtisseries gourmandes.» Pour sa part, Samir, 34 ans, souffrant de maladie cœliaque déclare que «trouver du pain sans gluten peut, parfois, ressembler à un véritable parcours du combattant ! » En effet, aider cette population qui souffre de l’indisponibilité des produits « sans gluten » en Algérie, notamment, si l’on sait que le nombre des producteurs de ces produits se comptent sur les doigts de la main, n’est pas une chose facile. Tout compte fait, les malades cœliaques rencontrés espèrent qu’un jour au moins, qu’une seule boulangerie spécialisée dans le pain sans gluten sera ouverte en Algérie.
Mehdi Isikioune
La présidente de l’association des patients cœliaques de la wilaya d’alger, djabari safia au «courrier d’algérie» :
«La nécessité de reconnaître la maladie «cœliaque» comme étant une maladie chronique»
La présidente de l’association des patients cœliaques de la wilaya d’Alger, Djabari Safia, a souligné, hier au « Courrier d’Algérie » la nécessité d’ajouter la maladie cœliaque ou «l’intolérance au gluten» sur la liste des maladies chroniques, soulignant par ailleurs qu’il n’est pas toujours évident de déterminer le nombre exact de malades cœliaques en Algérie, en raison de l’absence de statistiques.
Le Courrier D’Algérie : Pouvez-vous nous donner un petit aperçu sur la maladie cœliaque ?
Djabari Safia : La maladie cœliaque ou l’intolérance au gluten est une maladie chronique de l’intestin, déclenchée par la consommation de gluten, un mélange de protéines contenues dans certaines céréales (blé, orge, ….)
Quelles sont les symptômes de cette maladie ?
La maladie se manifeste principalement par des symptômes digestifs (diarrhées, constipations chroniques, ramollissements des os ….etc.)
Quel est le nombre exact de personnes atteintes de la maladie cœliaque en Algérie ?
Nous n’avons pas, vraiment, de statistiques qui déterminent le nombre exact de ces malades mais une chose est sûre notre association compte environ 450 malades cœliaques.
Est-ce qu’il est nécessaire, pour un patient atteint de cette maladie, d’adopter un régime alimentaire «sans gluten» strict ?
Vous savez, les produits sans gluten sont aujourd’hui chers. Un paquet de farine spéciale de 500g coûte entre 125 et 150 DA. De même, ces produits sans gluten ne sont pas disponibles partout et les personnes atteintes de cette maladie éprouvent des difficultés pour se procurer des aliments «sans gluten ».
On remarque, également que la gamme des aliments sans gluten est très limitée en Algérie par rapport aux autres produits importés ?
Les produits sans gluten sont souvent rares et ils ne sont pas à la portée de tout le monde. De même, ces aliments sans gluten ne sont pas fréquemment disponibles sur le marché de l’intérieur du pays.
Est-ce qu’il existe des producteurs qui fabriquent cette gamme de produits sans gluten ?
Il existe cinq producteurs de produits sans gluten dans notre pays. En fait, ces producteurs ne peuvent pas couvrir tout le territoire national.
Est- ce qu’il existe des boulangeries spécialisées dans la préparation du pain sans gluten destiné aux malades cœliaques ?
Malheureusement, non.
On remarque que votre association a tendance à informer et aider les malades cœliaques à surmonter leurs souffrances au quotidien, quels sont donc les adjectifs assignés à votre association ?
Nous voulons, tout d’abord que cette maladie soit ajoutée à la liste des maladies chroniques, c’est-à-dire qu’elle soit reconnue comme étant «une maladie chronique». Cette classification permet à ces malades de se faire rembourser leurs médicaments le plus normalement possible.
Et parmi nos principales préoccupations figure le problème de subventionnement de ces produits alimentaires qui sont assez chers. À ce titre, nous avons interpellé le ministère de la Santé pour qu’il subventionne ces derniers. Aussi, nous plaidons pour la création d’une journée nationale de la maladie cœliaque.
Donc , l’association a pour objectif aussi de faire connaître la maladie à travers des espaces d’information, n’est ce pas ?
Oui, nous essayons, à chaque fois, de faire connaître cette maladie à travers des journées et des sorties de sensibilisation aux niveaux des plages et des forêts. Car il convient de signaler aussi que notre association n’a pas de local précis dédié à ses activités.
Entretien réalisé par : Mehdi Isikioune