Selon le quotidien « Le Monde », d’hier, et après plusieurs mois de négociations ardues, l’Algérie aurait accepté d’accueillir Djamel Beghal. L’homme est très connu des services de sécurité aussi bien en France qu’en Algérie, qu’il a quittée vers la fin des années 1980.
Son nom a été lié aux attentats de Paris de 1995, à l’Afghanistan, à la filière des candidats pour l’Irak, à Abou Qatada al-Filistini, à Smaïn Aït Ali Belkacem, aux frères Kouachi et à d’Amedy Coulibaly, auteur du carnage de Charlie-Hebdo, en janvier 2015.
C’est dire combien l’homme pose problème. Aussi bien en France, qui cherche à s’en débarrasser, qu’en Algérie, qui ne veut pas de cet activiste qui avait pris la nationalité française depuis une vingtaine d’années. Selon «Le Monde», le «mentor des tueurs de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher, doit sortir de prison le 16 juillet», c’est-à-dire dans cinq jours. D’où toutes les difficultés « à traiter la menace terroriste avec les outils traditionnels du droit», Djamel Beghal
«constituerait, à n’en pas douter, un cas d’école passionnant», dit «Le Monde». Naturalisé français en 1995, condamné pour terrorisme en 2005, déchu de sa nationalité française en 2007, assigné à résidence en 2009, de nouveau condamné en 2013, cet islamiste algérien de 52 ans doit sortir de prison le 16 juillet et surtout doit trouver une terre d’asile. «Une perspective qui alimente un véritable casse-tête diplomatique entre la France et l’Algérie, aucun des deux pays n’étant enclin à l’accueillir ».
Beghal a été surtout cité ces dernières années pour avoir été « le mentor de Chérif Kouachi, un des auteurs de l’attaque de janvier 2015 à Paris contre Charlie Hebdo, et d’Amedy Coulibaly, qui a tué quatre juifs dans une supérette et une policière à la même époque ».
Son parcours est typique des activistes fondamentalistes du début des années 1990. Après avoir quitté l’Algérie, il s’installe en France, s’inscrit à des études en informatique et prend une ressortissante française pour femme, ce qui lui ouvre les portes de la résidence et de la nationalité françaises.
Cité et emprisonné dans le cadre de l’enquête sur l’attentat du RER de 1995, il part en Grande-Bretagne et se lie avec Abou Qatada et le groupe de Finsbury Park, connu notamment pour ses liens avec le groupe éditeur du périodique Al Ansar, couverture médiatique et théologique du GIA. En novembre 2000, on le retrouve en Afghanistan avec sa femme. Le 28 juillet 2001, il est interpellé à Abou Dhabi, en provenance d’Islamabad, au terme d’un séjour dans les camps afghans, où il est devenu un expert dans la confection des engins explosifs. Il affirme à la DST avoir été mandaté pour constituer une cellule sur le territoire français, puis se rétracte. Beghal est expulsé vers la France, le 30 septembre 2001.
Il jure que ses aveux ont été obtenus sous la torture aux Émirats arabes unis. Ses dires sont confirmés par l’examen médical réalisé après son extradition. Alors qu’on le croit assagi, le voilà encore cité comme mentor des frères Kouachi et de Coulibaly dans l’affaire Charlie-Hebdo, dont il est certainement au moins le gourou pendant leur rencontre en prison.
I.M. Amine