Son Barça a déçu en Ligue des champions et sa sélection argentine ne ressemble pas à grand chose. Pourtant Lionel Messi, qui va sur ses 31 ans (le 24 juin), n’aura plus beaucoup d’opportunités de gagner la Coupe du monde: en Russie, c’est sans doute maintenant ou jamais.
La der pour Messi ?
Difficile en effet d’imaginer le feu-follet pousser jusqu’au Mondial-2022, organisé par le Qatar. Il aura alors 35 ans, un âge où les appuis sont moins vifs et les accélérations moins tranchantes. Les planètes sont toutefois tout sauf alignées pour que le Rosarino puisse songer à voix haute à un titre le 15 juillet. De par son vivier, son histoire, l’Argentine est régulièrement annoncée parmi les favoris, aux côtés du Brésil ou du champion sortant allemand. Mais dans les faits, l’Argentine est dans le flou avant d’affronter l’Islande samedi, la Croatie le 21 et le Nigeria le 26. La faute notamment à une campagne qualificative longtemps pathétique jusqu’à un exploit de Messi en Equateur (triplé synonyme de qualification) et une préparation tronquée. Les Argentins n’ont en effet disputé qu’un amical face à une faible équipe d’Haïti, la seule autre rencontre ayant été annulée au terme d’une polémique monstre.
Polémique et blessures
Devant opposer la sélection Albiceleste à Israël, le match, prévu à Jérusalem, a été annulé à la suite de dénonciations, par des Palestiniens, d’une opération politique aux dépens de leur revendication sur Jérusalem-Est, dont ils veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. «Je suis convaincu que l’équipe s’est préparée de belle manière», a plaidé le gardien Nahuel Guzmán, lors d’un point-presse mercredi à Bronnitsy, au camp de base de l’Argentine situé à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Moscou. «Je crois que nous avons fait un travail physique très exigeant, on a pu avoir une base physique et nous avons pu travailler le collectif en défense, et en attaque». Il y a eu aussi la grave blessure de Manuel Lanzini, milieu de West Ham, à l’entraînement vendredi, qui a amené à son remplacement par Enzo Perez (River Plate).
Et aussi les critiques visant le sélectionneur Jorge Sampaoli, de la part du gardien Sergio Romero, déçu de ne pas avoir été appelé. Et comment ne pas parler des accusations d’agression sexuelle de la part d’une cuisinière, salariée de la Fédération argentine de football, visant Sampaoli. «Il est prouvé que ces accusations sont infondées», a assuré le président de la Fédération (AFA) Claudio Tapia sur la chaîne TyC Sports, mais cela n’a pas contribué à un climat apaisé autour de la sélection.
CR7 passe devant ?
Cela fait beaucoup à compenser pour Messi, qui lui-même sort d’une saison mi figue, mi raisin avec son club de Barcelone. Il a gagné une nouvelle Liga, c’est vrai, et terminé meilleur buteur du championnat comme la saison précédente. Mais le grand rival Cristiano Ronaldo a pendant ce temps-là remporté une nouvelle Ligue des champions, la troisième consécutive et la 5e de sa carrière déjà, contre quatre pour Messi. Pendant que le Barca se faisait éliminer par la modeste AS Rome en quarts de finale, le Portugais a ainsi pris une petite option pour un 6e Ballon d’Or… Qui, avec ceux de 2008, 2013, 2014, 2016, 2017, lui en ferait un de plus que l’Argentin (2009, 2010, 2011, 2012, 2015).
«Comment nous allons finir»
Surtout, Messi n’a jamais totalement surpassé les critiques sur son niveau en sélection. Il reste sur trois finales atteintes, certes, mais perdues, en Coupe du monde 2014 (face à l’Allemagne) puis en Copa America 2015 et 2016 (les deux fois contre le Chili). «Nous venons de perdre trois finales consécutives, cela nous a fait vivre des moments difficiles avec la presse», avait exposé l’Argentin dans une interview au quotidien espagnol Sport dimanche.
«Notamment avec la presse argentine parce qu’on a des divergences d’opinion sur ce que ça représente de faire ces trois finales». De quoi poser la question de la suite de sa carrière internationale: «Cela dépend de ce jusqu’où nous allons aller, de comment nous allons finir» lors du Mondial-2018. Il est en tout cas «très impliqué» et «très concerné», selon Guzman et l’autre gardien argentin, Willy Caballero. Et sans doute conscient qu’il joue sa dernière carte en Russie.