Que l’on se pose dans le gouvernement ou dans l’opposition, l’information n’a pas la même valeur; ni le même prix.
L’Algérie, qui a célébré, hier,12 juin, la Journée mondiale contre le travail des enfants, s’est penché sur les principales causes de ce phénomène qui sont connues et sont toujours les mêmes : l’absence permanente du père, l’enfance abandonnée, la déperdition scolaire, le nombre élevé des membres de la famille et la dégradation du pouvoir d’achat et du niveau de vie. Mais la situation est différente d’un camp à autre, car les chiffres annoncés ont fait l’objet de divergences de fond. Dans une étude réalisée en mars 2018, par les services de l’Inspection du travail pour contrôler sur le terrain le respect des lois, on peut lire ceci : «Sur 9 748 organismes employeurs contrôlés ayant un effectif global de 81 068 travailleurs, seulement 4 enfants de moins de 16 ans ont été enregistrés, soit un taux de 0,004%».
Le directeur des Relations professionnelles et du contrôle des conditions du travail de cette inspection a estimé que ce taux «n’est pas inquiétant», du fait du système de l’Éducation nationale qui est à la fois généralisé, gratuit et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans et que la protection de l’enfance est prise en charge par de multiples secteurs. Pour rappel, un enfant, par la définition de la loi est tout être n’ayant pas encore atteint les 18 ans. Le ministre du secteur, Mourad Zemali, a affirmé que l’Algérie consacre une allocation de 10 millions de dinars chaque année pour l’éducation et la formation des enfants, et que la proportion du travail des enfants en Algérie ne dépassé pas les 0,5% par rapport au nombre total de travailleurs.
Dans une autre étude, la présidente de l’Organe nationale de la Protection et de la Promotion de l’Enfance (ONPPE), qui est placé sous l’égide du Premier ministère, Meriem Chorfi, révèle que l’organe qu’elle dirige reçoit, via son numéro vert, «1111 », 3 à 4 signalement de cas d’exploitation économique des enfants, par jour. «Certains des ces enfants exploités économiquement, sont souvent en situation de danger, et nécessitent une intervention pour les protéger», précise-t-elle. Ainsi, Meriem Chorfi, par sa qualité de juge des mineurs, a souligné que les cas recensés sont ceux qui ne peuvent être « visibles » : l’exploitation des mineures dans les foyers ou dans les ateliers du marché parallèle. Pour sa part, la ligue Algérienne des droits de l’homme (LADDH), est beaucoup plus alarmistes et annonce un chiffre d’« environ 200 000 enfants travaillant en Algérie, dont la plupart sont âgés de moins de 16 ans -l’âge légal pour exercer une activité rémunératrice en Algérie- .
La LADDH ajoute que ce chiffre est souvent appelé à la hausse atteignant 600 000 enfants à l’occasion du mois de Ramadhan, et environ 400 000 pendant les vacances scolaires saison estivale et récolte des cultures agricoles.
Loin des polémiques contradictoires, il convient de signaler que l’amendement, en 2014, a durci les peines appliquées aux auteurs de violences à l’égard des enfants. La loi prévoit de fermes sanctions à l’encontre de toute personne impliquée dans l’exploitation économique des enfants conformément à l’article 139 qui stipule «est puni d’un emprisonnement d’un (01) an à trois (03) ans et d’une amende de 50 000 DA à 100 000 DA, quiconque exploite économiquement un enfant ». Cette peine est portée au double lorsque l’auteur de l’infraction est ascendant de l’enfant ou le responsable de sa sauvegarde.
Amrouni Mohamed