La sécurité intérieure de l’Algérie commence en réalité loin de ses frontières ; tous les pays limitrophes peuvent être porteurs de paix ou de guerre, d’apaisement ou de tensions, de germes pacifiques ou de graines belliqueuses.
En s’impliquant dans la négociation pour trouver une sortie de crise en Libye, comme elle l’a fait auparavant pour le Mali, l’Algérie aide un voisin dont les conséquences de la crise sont en train de déteindre sur nous directement.
Tout cela est du domaine de la connaissance logique ; ce qui l’est moins, c’est l’implication des capitales occidentales qui ont été à la source du conflit libyen. Ne perdons pas de vue que la chute de la Libye et le «chaos des djamaâtes » qui s’en est suivi a été un fait franco-atlantiste. La Libye a été le domino qui devait faire tomber les autres, et la stratégie des puissances a failli fonctionner. Le millier de Maliens, qui formait la garde spéciale de Kadafi, est rentré au Nord-Mali avec armes et bagages. Le premier effet avait été immédiatement la chute d’ATT et la volonté de partition affiché par le MNLA. La menace sur Bamako avait motivé l’opération Serval et l’intervention militaire française ; le chaos au Nord-Mali avait généré l’opération hypermédiatisée de Tiguentourine.
De même, la chute de Mossoul, puis la victoire sur l’État islamique Daesh en Irak, avait aussi entrainé la victoire des coalisés en Syrie, et la dispersion des éléments d’Al Baghdadi dans un long couloir menant de l’Égypte, où le terrorisme a brusquement surgi, en Libye, où le « chaos des djamaâtes » menace directement l’Algérie.
Aujourd’hui, les opérations militaires occidentales créées en Libye et au Mali ont créé une situation dont les premiers à en pâtir sont les pays voisins : le Niger, l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte.
La Libye demeure un élément essentiel dans la stratégie des maîtres du jeu de dominos. Aussi, faut-il rester le plus vigilant possible aux conséquences politiques et sécuritaires à court et à long terme, de la feuille de route qui se dégage, et rester attentif aux objectifs invisibles de cette solution politique négociée qui n’a pas été éprouvée par le terrain.