Primes de voyages à l’étranger, ponctions sur salaires, augmentations des primes ou du salaire de base, mensonge pour justifier l’absentéisme, et la liste est longue. Au final, il n’en fallait pas plus pour que le report de l’adoption du projet de loi portant règlement intérieur continue à alimenter la polémique. Le Bureau de l’Assemblée nationale s’est plié à l’urgence, en mesurant combien les débats nourris risquaient de discréditer encore plus une APN souffrant déjà de graves paramètres de légitimité et de crédibilité.
Bouhadja s’est aussi plié à la logique du nombre, en demandant de trouver un texte qui serait à la fois complémentaire, harmonieux et consensuel. Ce qu’il y a lieu de remarquer, comme l’ont déjà remarqué les rares Algériens qui s’intéressent aux débats de l’hémicycle, c’est la puissance de feu des députés, toutes formations comprises, quant il s’agit de défendre à l’unisson leurs intérêts. Jamais un projet de loi n’a été aussi unanimement rejeté par les députés, pouvoir et opposition conjuguant leur force. Les députés de la majorité FLN-RND ont fait barrage aux sanctions financières contre les absentéistes et décrié les dispositions relatives à la structuration de l’Assemblée, donnant plus de puissance à l’opposition qui n’en espérait pas tant.
Toutefois, après avoir contraint le Bureau de l’Assemblée de reporter le projet de loi sans délai fixe, les parlementaires des partis de l’opposition s’expliquent et affirment que le projet en question, au-delà de la question liée aux rémunérations, rabougrit le rôle du député et cherche à en faire un maillon faible du pouvoir législatif, en le privant de la liberté d’action et de celle de faire entendre sa voix en plénière. En termes clairs, les députés disent que le projet de loi les prive de leur mouvement et de tous les aspects liés à la liberté d’action et de ton du député lors des travaux en plénière. Ils affirment aussi que tous les articles définis dans le projet semblent en contradiction avec la Constitution, qui donne plus de liberté d’action aux parlementaires de l’opposition.
Alors que la polémique soulevée par le débat sur le projet de loi portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale faisait tâche d’huile, les députés, y compris ceux des partis dits « au pouvoir », passaient aussi à l’attaque et accusent carrément l’Administration de l’APN de vouloir concentrer les débats sur le seul sujet concernant l’absentéisme, comme si cela était véritablement la tare seule et unique à réparer.
Pour certains députés, toutes formations politiques confondues, l’Assemblée nationale n’est pas une école pour enfants qu’il faut admonester et blâmer, et le projet de réforme en cours ne doit pas se concentrer sur les seuls motifs des absences de certains députés ; le débat, disent-ils, « concerne aussi la réforme de l’Administration de l’APN, qui continue à agir avec les employés selon des critères liés au clientélisme et au favoritisme, nommant des personnes incompétentes à des postes importants et promouvant d’autres sur la base de critères subjectifs.
Les députés, très désappointés de se voir coller l’étiquette de « gloutons de l’hémicycle », et d’être juste intéressés par des augmentations salariales et des privilèges, encore d’autres, consentis par l’État, ont riposté de la manière qui semble avoir complètement désarticulé le président de l’Assemblée nationale lui-même. Ses souhaits de trouver le texte qui ferait en même temps consensus et trouveraient la formulation adéquate renseignent sur cette fragilisation.
F.O.
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