Alors qu’aucune annonce officielle quant à la reprise des gardes n’a été faite, des sources médiatiques évoquent de nombreux médecins résidents grévistes qui ont décidé de rejoindre leurs postes de travail. Tandis que les médecins résidents n’ont toujours pas rendu leur verdict au sujet de la reprise des gardes afin de relancer les négociations avec la tutelle, les signes d’un essoufflement du mouvement se font sentir. À en croire les chiffres de la chaîne de télévision arabophone Ennahar TV, 2 600 résidents sur un total de 15 000 ont déjà repris leurs activités dans les différentes structures hospitalières du pays. Néanmoins ce chiffre a été contesté par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) qui affirme que le taux de suivi de la grève est de l’ordre de 85%. Pour le Dr Sofiane Bensaba, membre du Camra «le chiffre avancé par la presse nationale est en deçà de la réalité». «C’est un chiffre exagéré, bien que de nombreux médecins résidents ont cédé à la pression et ont décidé de rejoindre leurs postes de travail», soutient-il, avant de rappeler que le taux de suivi de la grève est toujours «élevé» et se situe aux alentours de 85%. Interrogé sur les raisons, ayant poussé, de nombreux médecins à «jeter l’éponge», le Dr Bensba affirme que «le gel des salaires appuyé par les poursuites judiciaires et les actes d’intimidations de la part des directeurs d’établissements ont poussé ces derniers à abandonner le mouvement». Au sujet de la reprise de l’activité de garde qui, rappelons-le, a été posée comme condition, par le ministère de la Santé pour la reprise des négociations, le Dr Bensaba a fait savoir qu’une «réunion des membres du bureau national du Camra aura lieu dans la soirée d’aujourd’hui (Hier, Ndlr) afin d’étudier l’état des lieux et prendre une décision finale à ce sujet».
Pour lui, une « frange des résidents a exprimé, lors des Assemblées générales sa volonté de reprendre les négociations et a, ainsi, accepté de reprendre l’activité de garde toutefois, «de nombreux médecins ne croient pas aux promesses de la tutelle qui affirme que des solutions existent». «Si des solutions existaient pourquoi laisser les choses arriver à ce stade ? Pourquoi faire perdurer cette tension», s’interroge-t-il en affirmant que de nombreux grévistes doutent en la volonté de la tutelle à désamorcer la crise. Rappelons que la semaine dernière, l’agence de presse nationale a diffusé une dépêche dans laquelle elle annonce que les résidents en sciences pharmaceutiques ont repris le service. Cette information a été vite démentie par le Camra. Ce n’est pas la première fois que le mouvement est entaché par des rumeurs. Il y a quelques jours déjà, le Camra a également démenti que des médecins résidents aient demandé la tenue d’une session spéciale du DEMS. Dans tout les cas de figures, depuis que le dialogue a été interrompu, il y a plus d’un mois, aucune issue de crise ne se profile à l’horizon. Une situation de blocage s’est créée, créant ainsi, la confusion parmi les grévistes qui affirment que ça devient de plus en plus «intenable». Pour rappel, depuis le début du mouvement, les futurs praticiens spécialistes ont frappé à toutes les portes des facultés, syndicats, ministères, Premier ministère, APN et même la Présidence, mais ils se sont toujours heurtés à un mur de silence.
Lamia Boufassa