Dans son dernier ouvrage «L’année miraculeuse» le romancier Mohamed Magani aborde le déchirement, le traumatisme et le retour à la vie sur fond de destinées croisées de personnages en quête de reconstruction. Ce roman de 334 pages, publié par les éditions «Chihab» relate des récits de vies qui s’entremêlent et ayant pour décor principal les villes d’Alger et d’Amsterdam, inspiré des différents voyages de l’auteur et de ses références littéraires. «L’année miraculeuse» raconte la vie de Smaïl, un haut cadre de l’administration, démis de ses fonctions dans le milieu des années 1990. L’échec professionnel qui, lui imposé un tout autre mode de vie «dénué d’avantages et de pouvoir», se double d’un divorce suite auquel il échoue à Amsterdam où il mène une vie monotone de jeune retraité. Un coup de foudre à l’aéroport entraîne cet homme, en quête de reconstruction, dans une aventure rocambolesque, il s’empare inconsciemment la valise d’une jeune femme séduisante au visage familier pour s’assurer de la revoir. Smaïl se lance dans une expédition à la recherche de ce visage, aperçue à peine quelques minutes, à Alger puis à Amsterdam. Lotfia, la propriétaire de la valise volée, qui s’avère avoir été une ancienne collègue de Smaïl, est une femme à bout de nerfs qui a dû quitter l’ «administration rigide» pour s’installer en France, se marier contre l’avis de ses parents pour fuir un quotidien et un mode de vie «étouffant, qui ne la contentait plus». Une vérité cachée ayant éclaboussé son couple, Lotfia se retrouve abandonnée par son mari français qui la prive, sous la menace d’expulsion de France, de voir son enfant unique. Tout en continuant à chercher à revoir son fils, elle décide de s’installer à Amsterdam. Réunis aux Pays-Bas, les deux anciens collègues vont, alors, se lancer dans une quête d’eux-mêmes et de l’amour pour recoller les morceaux de leurs vies brisées. Si ces histoires semblent se dérouler et se rencontrer naturellement, elles confrontent également des univers et des modes de vies différents: Amsterdam, la ville de la tolérance par excellence, épargnée des troubles, et Alger, vécue comme un souvenir chargé de traumatismes et de déceptions. Placer ce roman à Amsterdam est également un prétexte pour l’auteur d’évoquer Albert Camus, dont «La chute» qui se déroule dans cette même ville, et introduire des extraits de l’auteur dans sa propre fiction. Mohamed Magani a sorti son premier roman, «La faille du ciel», en 1987. Il a également publié des études sur l’histoire et la sociologie chez Ibn Khaldoun, et sur l’enseignement ainsi que des recueils de nouvelles en Anglais. Depuis 2006, l’auteur enchaîne les romans «Scène de pêche», «La fenêtre rouge», «Rue des perplexes», et «Quand passent les âmes errantes».