De par sa situation pivot entre l’Afrique et les pays de l’Union européenne, l’Algérie reste pays clé dans tout processus de stabilisation et de maintien de la paix dans les un pays des deux rives de la méditerranée. Une réalité que ne semblent pas ignorer les responsables européens comme en témoigne le récent rapport de conclusion de la mission effectuée au Mali et au Niger du 12 au 15 mars dernier, qui souligne en gros l’importance du rôle de l’Algérie pour la paix et la stabilité dans les pays de la région du Sahel.
En effet, le document publié samedi par le Sénat français conclut clairement qu’il reste impossible de concevoir la paix et la stabilité dans l’immense région du Sahel sans l’Algérie. Même s’il est vrai que toute menace sur les pays du Sahel peut avoir des conséquences pour les pays de l’Union européenne, il reste tout aussi vrai que la question d’émancipation de l’Europe de la tutelle américaine implique l’urgence pour l’UE de concevoir de nouveaux mécanismes de défense engageant l’Algérie compte tenu du poids et de l’expertise acquise par le pays en matière de lutte contre le terrorisme et surtout du fait que les États-Unis d’Amérique tablent sur l’apport de l’Algérie en matière de sécurité mondiale.
Par ailleurs l’Otan étant considérée par l’UE comme une entité incapable de réagir aux nouveaux types de menaces, les Européens sont en guise de chercher une alternative à celle-ci comme d’ailleurs à l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) laquelle, est jugée inapte pour prétendre combler le vide de sécurité en question. L’UEO qui est absente du théâtre européen connaît un phénomène d’«otanisation» lequel compromet son indépendance, et donc son usage, en tant qu’instrument servant une politique européenne de sécurité et de défense autonome. Aussi, l’insistance de divergence d’opinions entre les différentes puissances européennes (France Allemagne, Royaume Uni) quant à la politique commune de sécurité et de défense, affecte l’assise de L’UEO comme instrument de substitution à l’Otan. Ces divergences peuvent d’ailleurs êtres lues dans le texte même du traité Maastricht qui fixe, d’une part «la politique étrangère et de sécurité inclut l’ensemble des questions relatives à la sécurité de l’Union européenne, y compris la définition à terme d’une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune» ; et d’autre part «la politique de l’Union au sens du présent article n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres du traité de l’Atlantique Nord». Parallèlement, ce même traité évoque franchement que l’UEO est une «composante de défense de l’Union européenne et un moyen de renforcer le pilier européen de l’Alliance atlantique». Ces deux dispositions d’un même article ballotent entre la position franco-allemande et celle de la Grande-Bretagne, ce qui rend incertain la mise en place d’une cadre légal et unifié pour un partenariat euro-méditerranéen en matière de défense et de sécurité surtout que les résultats de ce partenariat, issu du processus de Barcelone, sont émoussés. Quoiqu’il en soit, l’UE n’a d’autre alternative que de s’atteler à mettre en place un nouvel instrument d’une politique de sécurité et de défense intégrant l’Algérie comme allié incontournable à défaut d’être devancée par les États-Unis.
Zacharie S Loutari