Dans une tribune, publiée mardi sur la tendance actuelle des marchés pétroliers, le très studieux quotidien économique, le Financial Times, analyse les raisons de la flambée des prix de l’or noir qui ont atteint 75 dollars/baril.
Un plafond depuis la crise des marchés de l’été 2014 qui a impactées les économies des pays producteurs dont l’Algérie. Le journal britannique a identifié cinq facteurs «majeurs» à l’origine du rééquilibrage des marchés pétroliers sur lesquels il serait intéressant de revenir ici tant l’évolution des cours pétroliers en dépendront dans le moyen terme. D’abord, comme tout produit proposé sur le marché, la récente hausse observée sur les prix du baril trouve explication dans la hausse de la demande par rapport à l’offre pétrolière proposée au cours des 18 derniers mois. Et si la demande a augmenté c’est parce que l’économie mondiale a connu une croissance dont l’avantage revient aux pays exportateurs, qui plus est, ont conclu un accord gagnant sur la réduction de la production où les résultats ont concouru à redresser la barre des marchés. Pour rappel, l’accord de l’OPEP qualifié d’historique avait été conclu fin septembre 2016 à Alger avant que le deal ne soit entériné deux mois plus tard à Vienne. Il s’agissait, pour les membres signataires, de ramener le volume productif à moins 1,2 millions de baril/jour pour une organisation qui se réclame 40% de la demande mondiale. Le FT cite aussi l’adhésion des pays hors du Cartel pétrolier, à l’exemple de la Russie, un gros calibre qui a pesé en faveur du rééquilibrage des marchés. En deuxième lieu, le journal londonien évoque le respect des engagements par les signataires de cet accord dépassant 100% des objectifs attendus par l’OPEP comme facteur derrière les prix du pétrole qui se maintiennent à la hausse. Ajouter à cela, les appuis de Moscou à une démarche qui arrange ses affaires et dont elle se dit «entièrement satisfaite» aux côtés de Ryadh, cette autre cylindrée, qui a jugé récemment de la nécessité de faire davantage d’efforts pour maintenir la tendance pétrolière actuelle. Ce sont tous ces indices donc qui ont fait croire à l’analyste Bill Farren-Price de la société de services pétroliers, Petroleum Policy Intelligence, que l’Arabie saoudite «n’a jusqu’à présent donné aucun signe qu’elle s’apprêtait à remettre en cause son accord de réduction de la production du pétrole», cite la même source. Pour le cas de l’Algérie, qui a été pour beaucoup dans la conclusion de l’accord pétrolier, un prix de baril situé entre 70 et 80 dollars aura été bénéfique aussi bien pour les pays producteurs que les consommateurs. Récemment, le P-dg de Sonatrach, Abdelmoumene Ould Kaddour, a jugé le prix de 75 dollars de «juste» et d’«équilibré». D’autre part, et au titre des facteurs géopolitiques, le quotidien cite les tensions diplomatiques entre les États-Unis et l’Iran d’un côté, la crise économique au Venezuela ainsi que la grave situation sécuritaire dans la Libye de l’autre, comme troisième facteur derrière la montée des prix du pétrole. En d’autres termes, le président américain Trump, qui risque de faire retirer son pays de l’accord nucléaire avec l’Iran, la chute vertigineuse de la production au Venezuela d’au moins un demi-million b/j ainsi que l’instabilité de production en Libye, en sont des facteurs «aggravants» à la tendance actuelle des marchés, décrypte le FT. En dehors de cet ordre de logique, ce sont aussi les groupes de spéculation qui influent sur les cours pétroliers, à l’exemple des Hedge funds (Fonds spéculatifs), cité par le même quotidien, comme quatrième poussée sur la tendance des prix. Enfin, en cinquième facteur dans ce jeu sur lequel focalise le FT, et pas tout aussi des moindres, il y a le schiste américain, dont la production néanmoins ne semble plus en mesure d’influer sur les prix de l’or noir.
Farid Guellil