Rappel du conflit au Yémen depuis l’intervention d’une coalition arabe sous commandement saoudien en mars 2015 pour soutenir les forces progouvernementales et repousser l’avancée des rebelles Houthis.
La guerre a fait près de 10 000 morts et plus de 53 000 blessés. Elle a provoqué la pire crise humanitaire actuelle dans le monde, selon l’ONU. Plus de huit millions de Yéménites sont confrontés à des risques de famine dans ce pays d’un peu moins de 30 millions d’habitants, le plus pauvre du Moyen-Orient.
Intervention militaire
Le 26 mars 2015, neuf pays dirigés par l’Arabie saoudite lancent une opération aérienne pour contrer l’avancée des rebelles Houthis vers le sud du Yémen. Originaires du nord, les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme) sont appuyés par l’Iran qui nie toutefois toute aide militaire. Ces rebelles, alors alliés à Ali Abdallah Saleh, président du Yémen jusqu’en 2012, tenaient déjà Sanaa, la capitale, depuis septembre 2014 ainsi que de larges parties du pays. Le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait fui à Aden (sud), se réfugie à Ryad, la capitale saoudienne. En juillet, le gouvernement annonce la «libération» de la province d’Aden (sud), premier succès des forces loyalistes appuyées par la coalition. Jusqu’à la mi-août, celles-ci parachèvent la reprise de cinq provinces méridionales, mais peinent à les sécuriser face à la présence d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI). En octobre, les forces gouvernementales reprennent le contrôle du détroit de Bab al-Mandeb, par où transite une bonne partie du trafic maritime mondial. Le 7 janvier 2017, les forces gouvernementales appuyées par la coalition déclenchent une opération dans l’ouest pour reprendre les zones bordant la mer Rouge.
Saleh tué par ses ex-alliés
Le 23 août 2017, la direction des Houthis qualifie de «traître» l’ex-président Saleh pour les avoir présentés comme des «miliciens». Fin novembre, la crise dégénère à Sanaa, où de violents combats éclatent entre alliés. Ali Abdallah Saleh est tué début décembre par les rebelles qui en profitent pour renforcer leur emprise sur la capitale.
Missiles sur Ryad
En novembre 2017, l’Arabie saoudite annonce avoir intercepté et détruit près de Ryad un missile balistique. Les rebelles affirment avoir tiré le missile vers l’aéroport de la capitale saoudienne. Ryad accuse Téhéran, qui dément, d’être derrière cette «agression directe». Deux autres missiles seront interceptés dont un que les rebelles disent avoir tiré contre une résidence officielle du roi Salmane.
Fracture dans le camp gouvernemental
Fin avril 2017, l’ex-gouverneur d’Aden, Aidarous al-Zoubaidi, est limogé par le président Hadi. Le 11 mai, M. Zoubaidi annonce la mise en place d’un «Conseil de transition du Sud», autorité parallèle dominée par des séparatistes. Le 28 janvier 2018, des forces séparatistes s’emparent du siège transitoire du gouvernement à Aden après des affrontements meurtriers avec l’armée loyaliste. Deux jours plus tard, elles prennent le contrôle de la quasi-totalité d’Aden.
Plusieurs raids imputés à la coalition ont fait de nombreuses victimes civiles, notamment sur une salle de mariage à Mokha (sud-ouest) le 28 septembre 2015 (131 morts, la coalition a démenti être impliquée) et lors d’une cérémonie funéraire à Sanaa le 8 octobre 2016 (140 morts, plus de 500 blessés). Human Rights Watch a affirmé en juin que les Emirats arabes unis, deuxième pilier de la coalition après Ryad, administraient au moins deux «structures de détention informelles» au Yémen. Abou Dhabi a démenti. Fin septembre, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a décidé de l’envoi d’experts internationaux. Le 23 mars 2018, Amnesty International a accusé des pays occidentaux de fournir des armes à l’Arabie saoudite et ses alliés qui se rendent coupables de «crimes de guerre potentiels».
L’ONG affirme avoir documenté 36 raids aériens de la coalition qui ont tué 513 civils et accuse les Houthis d’avoir visé «de manière indiscriminée» des zones résidentielles.