Un premier convoi de bus transportant des combattans rebelles et leurs familles a quitté samedi, l’avant-dernière enclave dissidente dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, alors que le régime a repris en cinq semaines le contrôle de 90% de l’ancien bastion insurgé, déserté par 107 000 civils. «Dix-sept bus transportant 981 personnes, y compris des combattants et des membres de leurs familles, ont quitté la ville d’Arbine en direction de la province d’Idleb», a annoncé samedi soir l’agence officielle syrienne Sana. «Après la fouille des personnes évacuées, celles-ci ont été accompagnées par un soldat russe cagoulé dans chaque bus, tandis que les membres du Croissant-Rouge syrien distribuaient de la nourriture», a constaté un correspondant de l’AFP, selon lequel l’opération est directement supervisée par les Russes. Accablés par un déluge de feu et affaiblis par un siège de cinq ans, les groupes rebelles acceptent un à un d’abandonner leurs positions pour se retirer dans la province d’Idleb (nord-ouest), la dernière qui échappe au contrôle du régime.
Plus de 1.600 civils ont été tués depuis le lancement de cette campagne d’une rare violence, le 18 février, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a aussi dénombré la mort d’au moins 485 soldats du régime et de 310 rebelles. L’opération, qui concerne quatre localités de la poche Sud de l’enclave rebelle – Ain Tarma, Zamalka, Arbine et Jobar – a été retardée de plusieurs heures samedi, notamment pour pouvoir ouvrir un passage parmi «les mines disséminées par les terroristes sur la route menant à la ville d’Arbine» selon Sana. Cette nouvelle vague d’évacuations, qui devrait se poursuivre dimanche et concerner au total 7 000 personnes, s’inscrit dans le cadre d’un accord conclu entre le groupe islamiste Faylaq al-Rahmane et la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad.
Cet accord prévoit, parmi d’autres conditions préalables à l’évacuation, la libération d’otages détenus par les rebelles et l’abandon d’une partie de leur équipement par les combattants. Samedi, la télévision syrienne a montré un bus transportant huit prisonniers relâchés par les insurgés.
Selon l’OSDH, 100 combattants de Hayat Tahrir al-Cham, un groupe jihadiste dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, feront également partie des vagues d’évacuation. Ils seront transférés des abords du camp palestinien de Yarmouk, au sud de Damas, vers Idleb. «Cet arrangement a été ajouté à l’accord initial entre les Russes et Faylaq al-Rahmane», a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Une seule poche
Cette nouvelle vague de départs vers Idleb survient après le transfert ces deux derniers jours vers cette même zone de plus de 4 000 personnes dont 1 400 combattants du groupe salafiste Ahrar al-Cham. Parmi les civils évacués, Mohammad, 20 ans, est amer: «Mon père est mort dans un bombardement.
Et nous n’avons pas pu extraire son corps des gravats pour l’enterrer. Cela me tue de penser à tous les miens qui sont restés sous les décombres». l’offensive.