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Les partis islamistes de la mouvance « ikhwaniste » en pleine composition-recomposition : L’impossible reconstitution du «puzzle ikhwan»

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S’il est une mouvance qui s’agite depuis quelques mois, c’est bien celle des islamistes, qui multiplie les contacts, les tractations de sous-sol et les réunions des chefs pour se reconstituer en bloc compact ; mais à ce jour, rien n’est joué, et la tendance est plus à la désunion qu’aux alliances tactiques ou stratégiques.

Mais attention : quand on parle de mouvance islamiste, il faut préciser qu’il s’agit de la mouvance « ikhwaniste », non salafiste, les deux étant situées loin l’une de l’autre. Tous les partis islamistes visibles sur l’échiquier politique national, sans exception, que ce soit le MSP, le Front du Changement, El Adala, Ennahda, El Islah, El Binaa, le Front de l’Algérie Nouvelle et même Taj de Ammar Ghoul, sont des partis « ikhwan » pur jus, c’est-à-dire issus de la mouvance plus générale des Frères musulmans ; les uns ont introduit des réformes doctrinales ou statutaires pour « algérianiser » le parti et lui donner une attache locale, comme Al Adala de Djaballah, d’autres demeurent largement à l’écoute de l’International « ikhwaniste », comme le MSP ; mais tous sont des partis islamistes ikhwan, avec tout ce que le mot véhicule comme dispositions et propensions à la politique et à la participation aux élections.

Le Mouvement El Islah ne croit pas à la sainte alliance des partis islamistes
La formation de Filali Ghouini n’est intéressée ni par la tactique de listes communes lors des élections législatives du printemps dernier, ni par le projet de fusion entre ses frères du MSP et du FC d’un côté, et celui du FJD, Ennahda et El Binaa de l’autre. Les salafistes adoptent des positions plus tranchées, moins nuancées, et restent généralement en dehors du «jeu politique». Les deux camps demeurent antagonistes, et s’ils arrive qu’ils se liguent ce n’est que pour une durée déterminée, d’ordre conjoncturel, tactique ou stratégique.
Concernant les partis ikhwan algériens, c’est la remise en question qui se fait depuis l’après-élection législative, puis communale de 2017. Les scores maigres, faméliques, enregistrés par les divers partis de cette mouvance ont incité certains leaders à douter des alliances contractées auparavant, voire à remettre en cause l’utilité de ces alliances. En vérité, après 2013, ils étaient arrivés à cette certitude d’être en plein déclin, arrivant difficilement à remplir des petites salles de cinéma. L’appel lancé par l’ancien ministre d’État et président du Mouvement de la société pour la paix, Aboudjerra Soltani, pour la réunification de tous les partis issus de la même mouvance, le Msp, Ennahda, El Adala, El Islah, le FC, le MSP et El Binaa, donne l’impression d’être irréaliste pour le moment.
Aujourd’hui, la remise en question s’est accentuée encore : «Le travail de fusion ne nous concerne pas et les alliances dans le cadre des petites familles politiques ne nous intéressent pas», déclarait récemment, le président du mouvement El Islah, Fillali Ghouini, en réponse à la question de le voir rejoindre une nouvelle alliance islamiste, prenant ses distances avec les partis islamistes. Les temps sont plutôt à la désunion : l’alliance contractée par El-Adala, d’Abdallah Djaballah, Ennahda de Mohamed Douibi, et le mouvement El-Bina de Mustapha Boumehdi, a cessé d’exister depuis quelques jours. Constatant l’inanité de cette alliance sur le plan des résultats politiques, Boumehdi regarde du coté du Msp, un parti plus consistant que les autres fractions, et qui pourrait lui donner de la consistance. Il y a quelques jours, le président d’Ennahda, Mohamed El Hadi Athmania chargeait brutalement Mohamed Douibi, dans une lettre adressée aux membres du conseil consultatif (Madjliss echoura), dans laquelle il s’en prenait au secrétaire général actuel, Douibi, qu’il accuse d’outrepasser ses prérogatives, de ne pas respecter les décisions du Conseil consultatif et de transgresser les statuts du parti et son règlement intérieur. Athmania reprochait aussi à Douibi d’avoir fait entrave au projet d’alliance avec le MSP. Depuis lors, le parti est bloqué par le bras-de-fer Athmania-Douibi et aucune médiation entre les deux hommes, ni aucune réunion du Bureau ne sont possibles, menant allègrement le parti, déjà laminé par les scores très maigres des élections, vers sa ruine finale. Toutefois, attention : il est puéril et vain à la fois de mésestimer la force des ces partis, aussi fractionnés et fragilisés qu’ils donnent l’image d’être ; la sociologie des partis politiques en Algérie demeurent très favorables à la vitalité sans cesse renouvelée des islamistes, qui agissent sur le terrain, et au quotidien, avec une forte implantation au sein des couches populaires et un travail de fond qui se fait dans le religieux et le politique à la fois.
F. O.

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