Comme l’effet boule de neige, la grève dans le secteur de la Santé s’étend à d’autres corps médicaux. Après les dérapages qu’a connu le mouvement des médecins résidents, c’est au tour des internes et des spécialistes de déclencher des mouvements de protestation, en guise de solidarité avec les résidents mais aussi afin de faire valoir une série de revendications.
Le département de Mokhtar Hasbellaoui s’apprête, donc, à connaître un large mouvement de contestation. Se joignant au mouvement des résidents, en grève illimitée depuis plus de quatre mois, les internes en médecine ont décidé d’entamer une grève en boycottant les stages en internes qui devaient débuter hier, et ce, jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. C’est du moins ce qui a été affirmé par le tout nouveau Collectif autonome des internes en médecine algériens (Caima), à travers un communiqué de presse, qui s’indigne quant à l’arrestation d’une dizaine de résidents, au niveau de la faculté de médecine de Ben Aknoun au premier jour du boycott de l’examen DEMS. À peine créé, ce Collectif a, à travers ce communiqué, pointé du doigt, la « situation précaire » du médecin en interne en Algérie. Charges et conditions de travail désastreuses, manque de sécurité dans l’infrastructure et la non- rémunération de ces médecins sont parmi les points soulevés par le Collectif. C’est pour ces raisons, que le Caima appelle à « boycotter le stage en interne débutant le 20/03/2018 et ce jusqu’à l’obtention des revendications légitimes». D’ailleurs, cet appel a été largement suivi, hier, au niveau des hôpitaux d’Alger. Dans sa plateforme de doléances, le Collectif appelle à l’ « application des lois relatives au statut de l’interne », à l’instar de la suppression des évacuations à la charge des internes, qui ne relèvent pas des prérogatives de l’étudiant. En sus, tout en regrettant que l’interne se retrouve « imputé des tâches qui ne relèvent pas de ses prérogatives», le Collectif appelle à définir clairement les tâches assignées à cette catégorie. Aussi, il estime nécessaire de réviser la rémunération de l’interne pour les services rendus et les gardes effectuées avec rappel rétroactif pour l’année en cours. Pour rappel, « la prime actuelle de 2000 DA/mois n’est pas versée dans la plupart des hôpitaux », note le communiqué. Par ailleurs, au même titre que tout le corps médical, le médecin en interne appelle à l’amélioration des conditions d’exercice des gardes notamment la question de la sécurité. Rappelons que les médecins en interne, sont les étudiants en médecine en 7ème année du cursus et n’ont pas encore décroché leur diplôme. Ces derniers bénéficient d’une prime de stage, mais sont exclus de la prime de contagion, contrairement aux médecins nommés en poste de généraliste. L’autre mal auquel fait face le Professeur Mokhtar Hasbellaoui est le mouvement des médecins spécialistes, qui ont déposé un préavis de grève nationale cyclique à partir du 27 mars prochain. En effet, le Collectif autonome des médecins spécialistes algériens (Camsa) a déposé un préavis de grève nationale, « initialement cyclique de deux jours à partir du 27/03/2018 », et ce, en guise de soutien aux médecins résidents, mais aussi pour faire valoir leurs revendications. «Nous trouvons scandaleux et inadmissible le traitement que subissent nos collègues résidents depuis 4 mois, et particulièrement le 19 mars passé où de nombreux médecins résidents ont été embarqués dans des fourgons de police comme des criminels », lit-on sur le préavis du Camsa. En outre, il dénonce l’interdiction qui leur a été signifiée, par l’administration pour la tenue d’une Assemblée générale constitutive. Pour rappel, le Camsa a déposé, au début du mois de mars, deux demandes d’autorisation de tenue d’une Assemblée générale constitutive pour devenir un syndicat à part entière, mais ces dernières n’ont pas eu de suite favorable de la part de l’administration, ce qui a motivé les représentants du Collectif à recourir à la protestation.
Lamia Boufassa