Défini dans le dernier Journal officiel publié, le plan du gouvernement pour 2019 vise à faire des économies en s’appuyant sur une politique de subventions plus ciblée, des réductions budgétaires dans le logement et l’emploi et l’instauration du système de fiscalité locale. Fini l’effet d’annonce, la prochaine phase est pour l’exécution de l’agenda du gouvernement. Contraint à trouver de nouvelles sources de financement face à la crise financière, le gouvernement d’Ahmed Ouyahia a dévoilé son plan pour freiner les dépenses croissantes de l’État et la révision de la politique des subventions. Le décret exécutif publié mardi dernier dans le Journal officiel n° 15, traduit les promesses faites depuis son arrivée à la tête du gouvernement. Autrement, imposer une vision vigoureuse dans la gestion des ressources de l’État qui subissent une saignée depuis la chute des prix du pétrole à l’été 2014. L’annonce d’instaurer un nouveau système de ciblage des subventions avait fait polémique avant même son arrivée au gouvernement -avec le PM sortant Abdelmadjid Tebboune-, perçue par beaucoup comme une volonté d’imposer une austérité et de renoncer aux subventions des matières de première nécessité et des produits énergétiques. Annoncé en 2016, le nouveau système de ciblage des subventions n’interviendra qu’à l’horizon 2019 avec une application graduelle. Dans sa sortie devant les sénateurs au Conseil de la nation, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait affirmé qu’une commission était installée à cet effet, chargée de définir un modèle de ciblage qui devrait bénéficier uniquement aux nécessiteux. Le Premier ministre, taxé souvent de «porteur d’une vision libérale» et critiqué sur ses déclarations sur le mode de vie des Algériens qui favorisent selon lui la consommation excessive et délaissent le travail, se défend de vouloir mettre un terme au gaspillage des ressources de l’État. Pour lui, les couches vulnérables sont les plus lésées par le système actuel alors que les riches en ont accès libre. Pour y remédier, il propose de remplacer le système actuel qui bénéficie à tout le monde sans distinction par des allocations mensuelles en formes de chèques destinés uniquement aux citoyens éligibles. Ces mesures censées aider le gouvernement à retrouver son équilibre budgétaire jusqu’à 2020, en économisant des milliards de DA, risquent quand même de laisser des mécontents. La crise en sachet de lait pasteurisé et les spéculations sur les raisons de sa pénurie dans les commerces font aggraver la frustration parmi les citoyens. Le texte publié dans le dernier JO prévoit également la maîtrise et la rationalisation des dépenses publiques à travers le renforcement des dispositifs réglementaires sur les dépenses d’équipement, qui inclut également l’instauration des fiscalités locales pour subvenir au déficit auquel font face les collectivités locales. Au cours de cette année, un recensement national sur les revenus des ménages sera lancé, comme étape précédant la rationalisation et la concrétisation de la nouvelle politique des subventions publiques. Le recrutement dans le secteur public sera le plus touché dans le nouveau plan du gouvernement qu’il entend réduire d’une manière «accrue» durant les années suivantes avec des répercussions sur le système des retraites. Également, le gouvernement n’a pas l’intention de garder le même niveau des investissements pour le logement public en prévoyant « un ralentissement de la concentration urbaine de la population » et l’implication de capital privé dans la politique de logement. Le plan de gouvernement pour 2019 prévoit en outre des réformes bancaire et financière pour une diversification de l’offre de financement et une dynamisation du marché du crédit, à travers, notamment, la généralisation de l’usage des moyens de paiement modernes. Au titre des réformes structurelles économiques, elles portent sur le développement de l’économie numérique, la rationalisation de la dépense publique dans les domaines de la protection sociale et de la politique de santé, à travers, notamment, la promulgation, en 2018, d’une nouvelle loi sur la santé. Elles portent aussi sur l’amélioration du climat des affaires et de l’attractivité de la destination Algérie pour les IDE, à travers notamment, la création, en 2018, d’un comité consultatif national chargé de ce dossier. Il s’agit en outre de la mise en œuvre du programme d’efficacité énergétique, à travers la mise en œuvre, dès l’année 2018, du programme national de l’efficacité énergétique, à l’horizon 2030.
Hamid Mecheri