Il y a une véritable anarchie des prix à la consommation actuellement en Algérie. En effet, les prix à la consommation et des services connaissent des hausses continues, y compris les produits subventionnés par l’État.
Mais la hausse la plus importante cette année est celle enregistré par les prix de la semoule qui a vu des augmentations de 60 % par rapport à son prix réglementaire.
«Il y a de l’argent fou généré par les spéculateurs qui interviennent dans ce circuit. L’argent de subvention ne profite pas vraiment aux consommateurs et aux personnes nécessiteuses. Cela est impossible au moment ou ces spéculateurs agissent sans être inquiétés par personne » a dénoncé, hier, Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection du consommateur et son environnement (APOCE).
«C’est toute une mafia, et je mesure bien mes propos » a-t-il ajouté. Aujourd’hui personne n’achète de blé dur à 900 DA le sachet de 25 Kg et pourtant c’est son prix réglementaire. Lors de son passage au Forum du journal El Moudjahid, l’interlocuteur a dévoilé la campagne de la sensibilisation que compte lancer son association le mois de février à l’effet de sensibiliser les consommateurs et les commerçants-détaillants sur l’ampleur de ces augmentations et sur la nécessité d’acheter que les produits de semoule vendus à un prix réglementaire. Pour le professeur Zebdi, les prix des produits subventionnés par l’État, que ce soit le sucre, la semoule, la farine et l’orge, sont fixés selon le décret exécutif : 07-402 de 2007. Ces prix ne peuvent être changés sous aucun prétexte et quelques soient les conditions climatiques ou la position géographique.
L’augmentation d’un seul dinar constituerait une infraction à la loi et exposerait le contrevenant à une amende allant de 2 000 DA à
20 000 DA » a prévenu Zebdi. Le mode opératoire de cette campagne est d’afficher publiquement les prix réels et réglementaires de ces produits pour mettre les consommateurs au courant de ces pratiques sulfureuses et aussi les pousser à dénoncer et signaler ces pratiques auprès des bureaux de cette association, qui procédera par la suite aux dépôts de plaintes contre les commerces signalées. Pour cela, fait savoir Zebdi, un numéro vert est en service, le 33 11. Cette campagne est plus que nécessaire d’autant que si tout le monde adhère « certaines marques de produits de semoule vont disparaitre du marché ». Se disant disposer de preuves tangibles sur ces faits, Zebdi a noté que, excepté les minoteries du secteur public, toutes les autres minoteries relevant du secteur privé n’appliquent pas les prix réglementés par l’État. Le professeur Zebdi refuse toutefois d’incriminer les agents de contrôle, relevant des directions de commerce ou les vendeurs-détaillants. Les pratiques utilisées par certaines minoteries ne laissent aucun doute comme spéculateurs « ne laissent aucun trace ». Selon les témoignages des commerçants de détail recueillis par les membres de l’association, les livreurs des produits de semoule fournissent toujours des factures indexées sur les prix réglementaires, mais obligent les détaillants de payer la différence en cachette. Face à cela, les détaillants sont obligés d’acheter ces produits car ce sont des produits très demandés par les consommateurs. Par contre, Zebdi a expliqué que les commerçants de détail sont aussi victimes de ces pratiques comme les consommateurs car ces augmentations ne profitent pas aux détaillants mais au contraire elles réduisent les ventes.
Zebdi a ajouté que certaines minoteries privées disposent de leurs propres réseaux de livreurs avec lesquels elles négocient ces pratiques mafieuses et pour maintenir ces pratiques d’escroquerie. Avançant le montant de subvention par l’Etat de la semoule et l’orge à 1 milliard 800 millions de dollars, avec les 270 minoteries que compte le pays, Zebdi a estimé que les opérateurs et les transformateurs de semoule s’en sortent bien avec les prix appliqués par l’État. Pour preuve, Zebdi a avancé que : « les opérateurs achètent du blé dur de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) à 1 652DA/ le quintal et le blé tendre à
2 280DA/ le quintal. L’État achète aussi de l’orge auprès des fellahs à 4 500 DA/ le quintal ».Il a estimé que l’argent généré par ces spéculateurs est énorme.
Ces pratiques sont plus graves d’autant que certains opérateurs procèdent à l’achat de l’orge de l’OAIC à 1 650 DA/ le quintal et le vendent ensuite à des producteurs de bière à raison de 6 000 DA le quintal. Zebdi a noté aussi un paradoxe avec ces opérateurs qui « achètent de l’orge de l’OAIC pour le vendre aux fellahs qui le vendent à l’OAIC à 4 500 DA ». Un autre créneau dont profitent encore les transformateurs, le vide juridique dans le décret : 07-402 qui fixe le prix du sachet de 25 kg et de 50 Kg et aucune mention sur le sachet de 1 kg. Sans base juridique les agents de prévention ne peuvent intervenir. Comme solution, Zebdi a préconisé que l’État procède soit à corriger ces erreurs ou de supprimer carrément la subvention pour ce produit et de mettre une réelle cartographie des personnes nécessiteuses.
Hamid Mecheri