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Eva Green : «J’ai toujours l’impression d’avoir 12 ans»

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Quatre ans après avoir jeté des sorts à Johnny Depp dans « Dark Shadows », Eva Green retrouve Tim Burton pour « Miss Peregrine et les enfants particuliers ».

Paris Match. Vous voilà annoncée comme la nouvelle muse de Tim Burton. Saviez-vous dès “Dark Shadows” en 2012 que vous retravailleriez ensemble ?
Eva Green. Non, même si je m’étais très bien entendue avec lui. Enfant, c’était mon héros car “Edward aux mains d’argent” et “Beetlejuice” sont des films mythiques pour moi. Je tournais la série “Penny Dreadful” en Irlande quand il m’a appelée pour me dire : “Je veux adapter ce livre, est-ce que ça t’intéresserait ?” Je lui ai répondu : “Je ferais n’importe quoi pour toi.”

Pour la seconde fois, il vous imagine en créature immortelle qui défie les temps. Ça vous inspire quoi ?
Ah, c’est vrai, je ne l’avais pas remarqué… Moi, je crois tout à fait au surnaturel. [Elle rit.] Je trouve les gens terre à terre un peu tristes. Je crois aux signes, aux forces, à la gravité de la pensée. Il y a quelque chose qu’on ne maîtrise pas dans l’univers. Je ne suis peut-être pas très rationnelle.(Lire aussi : »J’en ai marre qu’on me définisse toujours en femme fatale »)

Le film est un hymne à l’enfance éternelle, au pouvoir de l’imaginaire. Appréhendez-vous de vieillir à l’écran ?
C’est surtout la pression des agents et du métier que je ressens. J’ai toujours l’impression d’avoir 12 ans et je me dis : “Oh lala, j’ai 36 ans, les boules !” Le nombre de fois où j’ai entendu : “Tu es trop vieille pour jouer ça” ou “A 40 ans, c’est basta !” C’est un métier cruel pour les femmes. Mais aujourd’hui les gens qui ont 40 ans en font dix de moins, on est une autre génération, enfin j’espère !

Vous avez une carrière très à part. Comment expliquer que vous vous soyez spécialisée à ce point dans les rôles sombres, presque gothiques ?
Les personnages obsessionnels, qui ont un grain, sont les plus fascinants. Les gens me demandent pourquoi je joue toujours dans des trucs surnaturels. Mais ce sont avant tout des personnages complexes, multifacettes.
Je privilégie les rôles forts de femmes couillues, qu’on ne devine pas tout de suite. Et puis, on ne pense pas automatiquement à moi pour jouer “Passe-moi le sel”. Pourtant, j’aimerais beaucoup m’essayer à un cinéma naturaliste. Mais on m’a mise dans la case “sophistiquée”, “dark”, “femme fatale”. Ça rassure les gens de cataloguer.

Depuis “Arsène Lupin”, il y a plus de dix ans, vous ne travaillez plus en France.
Je n’ai pas eu de chance… Les gens pensent que je me la pète à Hollywood, mais non, j’adorerais tourner en France, faire un truc rugueux, moderne, être dirigée par Audiard ou Assayas. Là, je viens de finir “Euphoria”, un film suédois avec Alicia Vikander. C’est une histoire d’amour entre deux sœurs assez inattendue, très conflictuelle, fusionnelle, plutôt spéciale. On ne m’a encore jamais vue dans ce registre. J’espère que ce sera bien. Ça peut être soit nul, soit très bien. On ne sait jamais avec les sujets tabous.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet que vous vous apprêtez à tourner sous la direction de Roman Polanski ?
C’est une adaptation de Delphine de Vigan, “D’après une histoire vraie”, et ce sera en français, enfin ! [Elle rit.] J’ai regardé ça dans l’avion hier.
C’est une histoire très ambiguë, dense, un personnage balèze, ça me fait peur, en fait ! En plus, j’ai peu de temps pour le préparer alors que je travaille beaucoup en amont d’habitude. Du coup, j’ai plein de papillons dans le ventre.

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