Les soins à domicile, complément des auscultations au sein des structures de santé, destinés à la prise en charge des complications issues de la gériatrie, des maladies chroniques et des maladies non-transmissibles, se voient accorder un intérêt interministériel, manifesté par les ministres de la Santé et de la Réforme hospitalière, de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, de l’Intérieur et des Collectivités locales, à travers la réquisition délivrée par les services de la police pour le déplacement vers les domiciles.
La problématique de l’enclenchement de ce processus en l’absence de textes réglementaires et législatifs et d’une méconnaissance aigue des véritables maladies qui gravitent dans la périphérie des établissements censés les prendre en charge, a été le thème du Forum d’El-Moudjahid. Elle est, d’une manière générale, l’équation à résoudre pour que les soins à domicile ne demeurent pas une initiative locale, gérée selon les humeurs instantanés des uns et des autres, des aspects d’affinités régulant la sphère de proximité et les aléas que dictent les retombées, parfois négatives, du vide juridique et de l’usage paradoxal qu’on en fait. Deux communications ont figuré dans le menu du programme, provenant du même établissement, l’Établissement public de santé de proximité (EPSP) Mohammed-Bouchenafa, commune de Sidi-M’hamed, qui chapeaute neuf communes, Alger-Centre, Sidi M’hamed, Hydra, Bir-Mourad-Rais, Mouradia, Madania, Birkhadem, Gué-de-Constantine et Saoula, fortes d’une population de 550 606 personnes, selon son directeur, Abdelkrim Benbia. La première, animée, par le docteur Lamia Yacef de la polyclinique de Sidi-M’hamed, la seconde par Zoubida Taibi, cadre paramédical de la salle des soins de Dou-el-Kosreine. En dépit de leurs divergences dans l’approche, les deux semblent faire l’unanimité sur quelques points. Nous en citons les plus importants.
L’absence de textes réglementaires : le périlleux obstacle
La seconde a donné des chiffres qui concernent la salle de soins de Dou el Kesraine, dans la commune de Bir-Mourad-Rais, où elle exerce en tant qu’infirmière manager depuis juin 2014. Les statistiques, elles, couvrent la période entamée en février 2015, pour une population semi-rurale que l’on évalue à 2111 âmes. Le nombre de sorties à domicile est de 118 sorties ayant abouti à l’auscultation de 48 malades (26 malades chroniques et 22 handicapés dont 15 mentaux. Les hommes sont estimés à 22, alors que le nombre des femmes est estimé à 26). Y en a qui ont reçu des soins à domicile (injections, pansement chirurgical, relevé hypoglycémique, nettoyage de la plaie, ….), tandis que d’autres ont été orientés vers des structures plus adaptées à leur pathologie, donc disposant de logistique pouvant en venir à bout où les diagnostiquer. L’expérience sur le terrain de l’équipe pluridisciplinaire (une équipe dans chaque commune, qu’elle soit réussie ou infructueuse, exige d’être confortée d’une assise juridique et réglementaire). L’équipe pluridisciplinaire, composée de personnel médical et paramédical, intervient sur simple réquisition de la police, lire l’arrondissement du coin.
Les médecins réticents : les risques et périls du déplacement
Orgueil ou crainte d’une protection brinquebalante et défaillante, les médecins refusent souvent le déplacement vers les demeures des patients, en dépit, souvent, de la sollicitation que ceux-ci adressent à leur structure. Cette attitude ne contribuerait qu’à reporter la guérison ou l’atténuation des complications du malade. Devant le refus du médecin traitant, le malade n’a d’autre alternative que de se déplacer. Épreuve haletante au vu de la configuration urbaine qu’il devra confronter : circulation automobile avec sa pollution urbaine et ses embouteillages, l’absence de moyen de transport ponctuel, et la surcharge qui l’attendrait à l’entrée de la structure de santé. D’ailleurs, parmi les objectifs avoués des soins à domicile, figurent, à juste titre, celui, louable à plus d’un titre, de désengorger la forte pression exercée sur les structures de santé. Les réticences de se déplacer hors endroit du travail ne sont pas restreintes au seul médecin mais à toute l’équipe pluridisciplinaire. L’appréhension fondée de ne pas être protégé en cas d’accident ou d’incident divers, notamment du point de vue médico-légale, justifie l’option de traiter les patients dans l’enceinte de l’établissement de santé, et ce, malgré les faibles moyens du bord déclamés.
Les professionnels, socle de l’élaboration des textes de lois
Les intervenants dans le Centre de presse d’El-Moudjahid appellent à la mise en place d’un espace de concertation à l’effet de peaufiner une plateforme devant se solder par l’élaboration de textes réglementaires et législatifs. Ceux-ci auront pour missions, selon entre autres les recommandations du docteur Lamia Yacef, de définir le champ d’intervention des intervenants dans la politique de mise en œuvre des soins à domicile, de situer l’action et la responsabilité des praticiens de la santé publique exerçant au sein des établissements de proximité, de bien déterminer les maladies les plus en vue qui gravitent aux alentours (sujets grabataires, malades atteints de neuropathie…), de tenir le concept des soins à domicile loin des contraintes administratives….
L’apport du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme est incontournable aussi, que ce soit dans les volets préventif ou curatif. Convention entre l’Association nationale des myopathes et l’EPSP de Sidi M’hamed.
En clôture du Forum, la signature d’une convention entre l’Établissement public de santé de proximité (EPSP) Mohammed-Bouchenafa, commune de Sidi-M’hamed, et l’Association nationale des myopathes, présidée par Aknine Akli. Trois articles en constituent l’essentiel de ses axes, dont deux déterminent le champ d’intervention de l’équipe pluridisciplinaire. La convention devra renforcer l’action de l’EPSP qui dispose d’une équipe pluridisciplinaire active dans chaque commune, et ce, en fonction d’un programme préétabli par la structure dépendante. Comme il sera, heureux dénouement que nous espérons, assuré une meilleure prise en charge des myopathes. Le président de l’Association, annonçant de prés de 40 000 myopathes répertoriés à l’échelle nationale, dont 10 000 localisés dans la Capitale, déclare, quant à lui, que la convention concerne un projet-pilote qui sera généralisé, en cas de réussite, à toutes les régions du pays. Espérons que la législation suive.
Zaid Zoheir