La Slovénie a commencé, mercredi, à poser des barbelés à sa frontière avec la Croatie, après avoir annoncé la veille son intention de mettre en place des « obstacles techniques » pour mieux contrôler l’arrivée des migrants, a constaté un photographe de l’AFP. La Slovénie a justifié cette mesure par la perspective d’une nouvelle arrivée massive de 30.000 personnes dans les prochains jours. Les frontières du petit pays de 2 millions d’habitants « resteront ouvertes », a toutefois assuré le Premier ministre Miro Cerar. L’armée était déployée dans les champs de la région frontalière de Gibina (nord-est) et y déroulait des barbelés de faible hauteur, selon ce photographe, tandis que, selon les médias slovènes, des mesures similaires étaient prises en d’autres points des quelque 670 km de frontière entre les deux pays de transit pour les migrants gagnant le nord de l’Europe. L’installation de barbelés était également en cours plus au sud dans la région de Brezice, l’un des principaux points de franchissement de cette frontière qui a vu passer plus de 171.000 migrants depuis mi-octobre. Les autorités limitaient l’accès de la presse aux sites concernés dans cette région. Après avoir multiplié les avertissements depuis un mois, le Premier ministre avait annoncé mardi le projet du gouvernement slovène d’ériger « dans les prochains jours des obstacles techniques temporaires à la frontière Schengen avec la Croatie ». L’objectif affiché du dirigeant centriste est de « diriger les migrants vers les postes frontières » et de « réduire le flux à un niveau gérable ». La Slovénie est devenue le principal pays d’entrée des migrants dans la zone Schengen depuis la fermeture par Budapest de sa frontière avec la Croatie dans la nuit du 16 au 17 octobre. La gestion de la crise migratoire est au menu du sommet entre les dirigeants des 28 Etats membres de l’UE et de 35 pays africains qui se tient mercredi et jeudi à Malte.
14 migrants en route vers la Grèce noyés lors d’un nouveau naufrage
Au moins quatorze migrants, dont sept enfants, sont morts noyés mercredi à l’aube alors qu’ils tentaient de rejoindre la Grèce, dernier en date d’une longue série de naufrages meurtriers survenus depuis des mois au large des côtes de la Turquie.
Partie dans la nuit de la région d’Ayvacik (nord-ouest), l’embarcation en bois des victimes a chaviré dans un coup de vent alors qu’elle se dirigeait vers l’île grecque de Lesbos, a rapporté l’agence de presse Dogan.
Vingt-sept personnes, dont les identités n’ont pas été précisées, ont pu être sauvées par les garde-côtes turcs qui, assistés d’hélicoptères, poursuivaient leurs recherches mercredi dans la matinée pour retrouver d’éventuels autres survivants, selon Dogan. « Le bateau a probablement coulé après avoir heurté des rochers. Il était très endommagé et a commencé à prendre l’eau mais ses passagers ont décidé de continuer leur route », a déclaré le gouverneur de la province de Canakkale, Hamza Erkal, cité par l’agence de presse gouvernementale Anatolie.
« Ils ont apparemment fait ensuite demi-tour mais le bateau a coulé avant de pouvoir atteindre la côte », a ajouté le gouverneur. La Turquie, qui accueille officiellement 2,2 millions de réfugiés syriens, est le point de départ favori de nombreux migrants, qui prennent la mer dans des conditions périlleuses à destination des îles grecques, point d’entrée dans l’Union européenne (UE). Depuis le début de l’année, les arrivées par la mer en Grèce ont atteint le chiffre de 580.125, selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR).
Au total, plus de 454 migrants et réfugiés sont morts ou ont été portés disparus au cours des dix premiers mois de 2015 dans la traversée de l’Egée entre la Turquie et la Grèce, selon un décompte publié la semaine dernière par Amnesty International.
En septembre, les photos d’un petit réfugié syrien de 3 ans, Aylan Kurdi, retrouvé mort sur une plage de la station balnéaire de Bodrum, dans l’ouest de la Turquie, ont suscité une vague d’émotion et d’indignation planétaire et contraint l’UE à entrouvrir ses frontières aux réfugiés. « Ce matin encore 14 réfugiés morts (…) Faut-il absolument un Aylan pour que le monde se lève ? », a lancé le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours prononcé à Ankara. « L’humanité observe depuis une tribune », a-t-il déploré. Bruxelles a engagé des négociations avec la Turquie pour tenter d’endiguer les départs de milliers de réfugiés depuis les côtes turques vers l’UE.
Mais Ankara fait monter les enchères. Il réclame 3 milliards d’euros d’aide humanitaire, des avancées sur la question des visas Schengen pour ses citoyens et l’ouverture de plusieurs chapitres dans les négociations d’adhésion, qui piétinent depuis des années.
Un sommet réunit par ailleurs mercredi et jeudi à La Valette une soixantaine de dirigeants européens et africains pour tenter de s’attaquer aux causes de l’afflux de migrants d’Afrique, autre source d’immigration avec la Syrie et l’Afghanistan.