Dans une démarche sans précédent, dix-neuf personnalités, dont Louisa Hanoune et Khalida Toumi, ancien ministre de la Culture, et l’ancien ministre de la Santé et maire d’El-Khroub, Abdelhamid Aberkane, ont demandé une audience au Président Abdelaziz Bouteflika, dans une lettre, remise le 1er-Novembre à Ahmed Ouyahia, en sa qualité de directeur de cabinet de la présidence de la République.
«À l’occasion de la commémoration du déclenchement de notre glorieuse guerre de Libération nationale, nous estimons qu’il est de notre devoir de patriotes algériens d’attirer votre haute attention sur la dégradation du climat général dans notre pays», écrivent les auteurs de la lettre. Les signataires expliquent que cette dégradation se caractérise par des faits. Ils citent «le renoncement à la souveraineté nationale (…) par, notamment, l’abandon du droit de préemption de l’État (…), la déliquescence des institutions de l’État, la grave dégradation de la situation économique et sociale, l’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire, aux sanctions partiales (…)». Après avoir expliqué leur démarche, les auteurs concluent leur lettre en sollicitant une audience. «C’est pourquoi nous vous prions, Monsieur le président de la République, de bien vouloir nous recevoir en audience, afin de vous faire partager nos profondes inquiétudes, quant à la l’avenir du pays, et solliciter vos interventions sur l’extrême gravité de la situation», concluent les auteurs de cette demande d’audience. La présidence de la République n’a pas répondu aux auteurs de la lettre. Ces derniers ont décidé de rendre publique leur initiative, pour prendre l’opinion publique à témoin. «Le Président reçoit bien les délégations étrangères, alors il n’y a aucune raison de refuser de nous recevoir. Nous voulons vérifier s’il est réellement en état de diriger le pays», explique l’un des initiateurs. «Nous craignons que la lettre ne soit pas remise au Président, et c’est pour cela que nous avons décidé de la rendre publique», ajoutent-ils.
La leader du PT a expliqué, hier vendredi, la démarche des signataires de la lettre. Affirmant : «Il ne s’agit pas d’une initiative contenant un projet politique ! Il ne s’agit pas d’un programme politique ! Il ne s’agit pas de faire un gouvernement parallèle. Nous sommes liés par notre patriotisme et les craintes par rapport aux dérives. Notre démarche est légaliste !», «Nous n’avons pas la prétention de présenter des solutions ou de présenter un programme.
On veut rencontrer le Président parce qu’il a un mandat. Nous considérons que les décisions étranges qui ont été prises constituent un danger sur l’indépendance et la souveraineté du pays», a ajouté la secrétaire générale du PT qui tenait un point de presse. «Le Président n’est-il pas également responsable de la situation politique, économique et sociale du pays? «Nous voulons avoir le cœur net! Nous voulons savoir s’il sait ou s’il ne sait pas. S’il est au courant, c’est une chose. S’il ne l’est pas, c’en est une autre», a-t-elle répondu.
M. B.