Que peut-on retenir des échanges commerciaux internationaux de l’Algérie? Contrairement à l’Accord d’association conclu avec l’Union européenne (UE) en 2001, et mis en exécution depuis 2005 qui ne va pas en sa faveur, la Gzale (Grande zone arabe du libre-échange) constitue le volet à mettre sur les actifs de l’activité du commerce extérieur du pays. Entré en vigueur depuis janvier 2009, l’accord inter-commercial signé avec 18 autres pays arabes, composant la Gzale, représente 5,5% du volume global des échanges transfrontaliers. Infimes soient-elles, donc, les statistiques pour l’année 2014 font ressortir une balance commerciale excédentaire ayant engrangé 1,26 milliard de dollars (mds USD). Ceci résulte du volume des importations, arrêté à 2,67 mds USD, contre des exportations ayant atteint 3,93 mds USD durant l’année écoulée. Assurément, ceci fait grimper la cote du commerce extérieur du pays, même si la nature des exportations reste exclusivement dépendante des hydrocarbures, qui taillent la part du lion, soit 95% des produits vendus dans la Gzale. En dépit de ces résultats exceptionnellement probants, la balance commerciale du pays, de manière globale, n’est pas des plus reluisantes. Et pour cause, rien que pour les 7 premiers mois de l’année en cours, elle s’est creusée de 8 mds USD. Ceci n’est évidemment qu’une suite logique de la politique économique nationale, basée sur l’exploitation «effrénée» des gisements pétroliers. Justement, c’est ce qui a fait penser au gouvernement de revoir sa copie, en tablant sur la relance de la machine productive hors-hydrocarbures, afin de basculer d’une économie rentière vers une économie productive. D’ailleurs, les derniers développements liés aux fluctuations des marchés pétroliers n’ont fait que confirmer cette vision de vouloir se défaire de cette corrélation prédatrice du pays à l’or noir. Un retour rétrospectif aux résultats obtenus en 2013, en la matière, fera apparaître que la balance commerciale concernant pour ce qui est de la Gzale a enregistré un déficit de 0,01 md USD. Un petit calcul soustractif entre le volume des importations établies à 3,44 mds USD et celui des exportations arrêté à 3,43 mds USD le confirmera. En termes de comparaison entre les deux exercices, en 2014, les exportations ont enregistré un bond positif de 15% et les importations ont reculé de 22%, par rapport notamment à 2013. C’est ce qui en soi une bonne chose pour l’économie nationale, même si le volume des échanges commerciaux dans la Gzale, de l’ordre de 6,64 mds USD, ne constitue qu’une infime partie du total des échanges internationaux du pays. Selon ces données fournies par l’Algex (Agence nationale de promotion du commerce extérieur), force est de croire que le gouvernement a dû se ressaisir de l’affaire, en tentant tant bien que mal à contrebalancer les résultats décevants enregistrés des échanges commerciaux avec les pays européens, et de rattraper un tant soit peu l’écart auprès de la Gzale. À défaut de dégager des surplus productifs nationaux destinés à l’exportation, tout au moins, faut-il réduire le volume des importations, de surcroît, des produits pétroliers. En effet, selon l’Algex, pour l’année 2014, la facture du gasoil est baissée de 93%. Durant la même année, elle a enregistré 25 millions USD contre 409 millions USD en 2013. Il s’agit du principal facteur, si ce n’est l’unique, ayant résulté d’une balance commerciale des plus positives. D’autre part, même si les importations en matière de produits industriels sont revues à la baisse, soit en recul de 26% par rapport à 2013, il n’en demeure pas moins qu’elles représentent 89% du volume des marchandises achetées depuis la Gzale. Ceci pourrait s’expliquer par le besoin exprimé par l’industrie nationale de s’en approvisionner en la matière. En effet, le gouvernement qui mise sur la relance de la machine industrielle a jugé impératif le recours à l’importation des intrants pour alimenter les entreprises productives nationales, d’où, semble-t-il, l’importance des importations en la matière, notamment la catégorie des produits plastiques (32%).
Autosuffisance alimentaire, dites-vous ?
En dépit d’une balance commerciale excédentaire, rien n’est encore acquis, sachant que la facture alimentaire constitue toujours la saignée pour la Trésorerie de l’État. 291 millions USD ont été consacrés en 2014 pour l’achat des produits agricoles et agroalimentaires, soit une enveloppe en hausse par rapport à l’année 2013 de quelque 30%. Globalement, cette facture représente 11% des importations depuis les pays de la Gzale. Outre les légumes secs, le pays recourt «malheureusement» à l’achat d’autres produits du même genre, mais qui sont «préparés», en plus des jus de fruits et les pâtes alimentaires, qui alourdissent davantage la dépense publique. Ces produits, précise l’Algex, proviennent de l’Égypte et de l’Arabie saoudite. Dans le même registre, même l’importation des produits de la pêche ne pourrait être justifiée. Ainsi, l’on a importé, durant la même année, pour 56,5% de poissons conservés en provenance de la Tunisie, 31,6% de poissons congelés et 10% de poissons frais et réfrigérés, indique la même source. En la lumière, rien ne confirme la volonté maintes fois «chantée» de vouloir produire localement ce qui pourrait suffire à la consommation des Algériens. Néanmoins, faut-il attendre les résultats futurs probants, pouvant découler de la stratégie et de l’action des ministères de la Pêche et de l’Agriculture, fusionnés notamment à la faveur du dernier remaniement du gouvernement ? D’autre part, s’agissant de la question de l’autosuffisance alimentaire, la production céréalière de l’année en cours a atteint 40 millions de quintaux, contre 35 millions en 2014. À l’horizon 2019, l’on table de porter le chiffre à 70 millions, indique les dernières statistiques établies. Faut-il par ailleurs signaler que, depuis février 2013, le ministère du Commerce a imposé des restrictions aux importateurs, en révisant la liste négative des produits issus de la Gzale. Il s’agit des produits non concernés par la franchise des droits des Douanes algériennes. Des mesures par lesquelles les pouvoirs publics entendent resserrer l’étau autour des opérateurs de l’import-import.
L’Arabie saoudite premier sur le marché
Sur un total de 19 pays de la Gzale, y compris l’Algérie, les importateurs nationaux privilégient l’Arabie saoudite, qui se positionne sur la première marche du podium parmi les pays présents sur le marché algérien. Les marchandises en provenance de ce pays occupent 24% des importations, ce qui correspond à une facture de 636 millions de dollars. Le deuxième pays sur l’échelle est l’Égypte, avec 575 millions USD d’importations (22%), suivie de la Tunisie 491 millions USD (18%), des Émirats arabes unis avec 273 millions USD (10%), le Maroc avec 217 millions USD (8%) et enfin la Jordanie avec 155 millions USD (6%), indique les données de l’Algex.
Farid Guellil