Houda Feraoun plus que jamais pragmatique : «je veux des résultats palpables»

Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces. L’adage semble retrouver tout son sens auprès d’Imane-Houda Feraoun, la jeune ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. Et pour cause, étant au fait de son domaine, elle ne se laisse pas facilement se faire emportée par les discours «démagogiques». Au contraire, elle entend par son approche, qui se démarque des méthodes traditionnelles, ramener les responsables à répondre par des résultats concrets. C’est du moins l’attitude dont elle a fait preuve, sans complaisance aucune, en brandissant encore une fois, hier à Alger, ses menaces à l’encontre des cadres du secteur, et ce, lors d’une visite de travail qu’elle a effectuée auprès des entreprises publiques Mobilis, Algérie Poste (AP) et Algérie Télécom (AT). Pour rappel, la semaine dernière, Feraoun a décidé de limoger sur-le-champ de pas moins de trois employés d’AP, rendus responsables de «défaillances et de mauvaise gestion», suite à un constat qu’elle avait, elle-même, relevé sur le terrain. En effet, ayant assisté à la présentation d’un plan de modernisation d’AP, exposé par le directeur stratégique de cette entreprise, la plus jeune membre de l’Exécutif national n’a pas arrêté de surprendre par ses réactions, en demandant à chaque fois des explications sur ce qui est réalisé et non pas écouter «des visions d’avenir» . Pour elle, ce ne sont que des promesses, et le citoyen n’a rien perçu de concret. «Arrêtez de me parler de la vision de l’entreprise, parlez-moi de ce que vous allez réaliser, car le citoyen a besoin du concret», a-t-elle tancé le même responsable. D’ailleurs, après avoir écouté les explications au sujet du système de paiement automatique à travers l’installation prévue de 88 DAB (Distributeur automatique de billets), et la mise en place de nouveaux centres de déstockage de colis, elle a demandé aux cadres d’AP de faire le point sur la question. Ceci intervient au lendemain des défaillances constatées au niveau de deux bureaux de poste dans la commune de Beraki et le Centre de déstockage du Port d’Alger. Un responsable d’AP a alors expliqué que des mesures ont été prises pour mettre en place un système de surveillance vidéo, d’un côté, et d’œuvrer, de l’autre, à un suivi techniques des DAB défectueux. Lors de sa virée à l’intérieur des locaux du siège d’Algérie Télécom, avant même que l’on lui présente le plan d’action de l’entreprise, l’ex-directrice de l’Agence thématique de recherche en sciences et technologie, a demandé à Habib Mohamed, P-DG d’AT, d’aller droit au but et d’expliquer ce qui touche surtout aux préoccupations des citoyens et des usagers. Au sujet de la modernisation des lignes téléphoniques par le basculement vers la technologie dite MSAN (Nœud d’accès multiservice de nouvelle génération) qui concerne 1,5 millions d’abonnés, à réaliser d’ici la fin de l’année en cours, la ministre a insisté à ce que les usagers concernés soient informés à l’avance avant toute intervention à domicile. Très au fait de ce qui se passe dans son secteur, elle n’a pas manqué de «signaler» le problème de connexion, dont souffre les habitants de la banlieue algéroise Bach-Djarrah. Elle a demandé à ce que l’entreprise intervienne dans les 48 heures qui suivent pour résoudre la panne technique. Plus loin, elle trouve injuste et même «grave» que les usagers de cette cité s’adressent à la presse, alors qu’AT dispose d’un site web, de centres d’appels et de cellules d’écoute, a-t-elle déploré. Faisant allusion aux retards accusés dans le domaine devant des entreprises publiques qui traînent les vieilles pratiques bureaucratiques, la ministre appelle à une «révolution des mentalités», et se mettre au diapason, afin de rattraper la marche du monde et être en phase avec le développement technologique.
Farid Guellil