Séoul et Pyongyang ont accepté de négocier alors que la Corée du Nord avait menacé d’une « guerre totale » si les opérations de propagande ne cessaient pas. L’annonce de cette rencontre est tombée deux heures avant l’expiration de l’utimatum lancé vendredi par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui exigeait l’arrêt des haut-parleurs récemment remis en service par Séoul. Rendez-vous a été donné dans le village frontalier de Panmunjom, là où s’étaient déjà déroulées en octobre des discussions bilatérales, a indiqué une porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne. Les tensions avaient redoublé ces dernières heures dans la péninsule, même si les experts avaient appelé à relativiser les annonces belliqueuses de Pyongyang, coutumier du fait. L’Armée du peuple coréen (KPA) a assuré que ses unités déployées à la frontière s’étaient placées « en état de guerre », prêtes à riposter si Séoul n’obtempérait pas. « Nous sommes arrivés à l’aube d’une guerre et la situation est irréversible », avait même lancé, menaçant, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Attaque à la mine antipersonnel
L’agence sud-coréenne Yonhap, citant des sources militaires, avait fait état de mouvements d’unités d’artillerie au Nord, tandis que des avions de chasse américains et sud-coréens avaient effectué des exercices de simulation de bombardement à la mi-journée dans une claire démonstration de force. Au lendemain d’une déclaration ferme de la présidente Park Geun-hye, les autorités à Séoul avaient fait savoir qu’elles n’avaient pas l’intention de céder aux injonctions de leur voisin, et de faire taire ces haut-parleurs qui diffusent à plein volume leurs messages à la frontière.
La Corée du Sud a décidé de reprendre sa guerre de propagande – une pratique que les deux pays avaient abandonnée en 2004 d’un commun accord – en représailles à une attaque à la mine antipersonnel imputée à la Corée du Nord, dans laquelle deux de ses soldats avaient été mutilés début août. Cette initiative a suscité l’ire de Pyongyang, qui dément toute implication dans ces explosions, et la situation s’était envenimée jusqu’à déboucher jeudi sur un exceptionnel échange de tirs d’artillerie entre les deux ennemis.
Appels au calme de la communauté internationale
Pour l’heure, les habitants sud-coréens, rompus à la rhétorique agressive du Nord, ne semblaient toutefois guère s’émouvoir de ce nouvel épisode orageux entre les deux pays. Techniquement, ils sont en conflit depuis 65 ans car la guerre de Corée (1950-1953) a pris fin avec un simple cessez-le-feu qui n’a jamais été formalisé par un traité de paix en bonne et due forme.
La dernière attaque directe contre le Sud date de décembre 2010, lorsque la Corée du Nord avait bombardé l’île sud-coréenne de Yeonpyeong, causant la mort de deux soldats et deux civils sud-coréens. Séoul avait répliqué en tirant des obus.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a exhorté vendredi les deux Corées à mettre fin à l’escalade de tensions, tandis que les États-Unis, qui disposent de quelque 30 000 militaires en Corée du Sud, ont invité Pyongyang à la retenue. La Chine, principal soutien de la Corée du Nord, a également lancé des appels au calme, désireuse d’éviter tout esclandre au moment où elle tente d’attirer des dirigeants du monde entier à Pékin début septembre, pour assister aux commémorations de la défaite japonaise de 1945.