Pour sa seconde réunion avec les directeurs de l’Éducation, tenue hier au niveau du lycée Hassiba-Ben- Bouali à Kouba, Nouria Benghebrit, ministre de l’Éducation nationale, qui est la bête noire des islamistes, depuis quelques jours, s’est voulue très rassurante, quant à l’intox relative à l’enseignement en langue dialectale, et ce, en affirmant que certaines parties tentent de déstabiliser l’École. Une ministre au cœur d’une polémique et une polémique fondée sur du néant. C’est en résumé la situation dans laquelle plane le secteur de l’Éducation, ci jours-ci, et pour cause, l’enseignement en langue arabe dialectal continue de susciter des vives réactions de la part des islamistes. «Il n’a jamais été question d’enseigner à nos élèves une autre langue que l’arabe», a déclaré, hier, à l’occasion de la conférence régionale, regroupant les responsables de l’Éducation de dix wilayas du Nord du pays, et dédiée à l’analyse des résultats obtenus, lors des derniers examens nationaux, la ministre chargé du secteur, Nouria Benghebrit.
Qualifiant la polémique de «brouhaha», la ministre a accusé certaines parties de créer des tensions au sein l’École algérienne, dans le but de «remettre en cause les réformes visant à améliorer l’enseignement».
«Leur but est de nous obliger à rester figés, en nous imposant une situation de chaos dans notre Institution», a-t-elle déclaré, tout en promettant que l’École et les élèves sont en mesure de «réaliser des avancées remarquables». Ainsi, en dépit de la campagne médiatique orchestrée par des cercles islamo-conservateurs qui se disent «défenseurs de la langue arabe», quant à la rumeur faisant état de l’enseignement des langues maternelles, l’arabe algérien, la «darja» à l’école, et la suppression de la langue arabe, des sciences islamiques et de l’histoire, des épreuves du Baccalauréat, la ministre s’est montrée confiante, en précisant que «c’est un faux débat».
En effet, pour elle, les parties qui alimentent le débat ont ignoré que ce ne sont que des recommandations tirés de la Conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’École, tenue les 25 et 26 juillet à Alger. «Les recommandations portaient sur les moyens qu’il faut déployer pour arriver à la maîtrise des langages fondamentaux, langues étrangères et l’arabe, et les mathématiques», a-t-elle préconisé. Tout en s’appuyant sur la Constitution pour argumenter son approche, Mme Benghebrit a assuré que l’arabe est une «langue transversale». «Si un enfant ne maîtrise pas la langue arabe, il ne peut pas maîtriser les autres matières qui sont enseignées en arabe, notamment les matières essentielles, comme les mathématiques», explique-t-elle.
Le constat actuel n’est pas du tout réjouissant, selon la ministre. «Comment expliquer que des régions complètement arabophones, où des enfants parlent en arabe, font des cours dans des écoles coraniques, ont des résultats en langue arabe très médiocres?», s’interroge-t-elle. «Il n’y a aucun de ceux qui polémiquent, à présent, qui est rentré dans ce débat pour proposer des solutions et comprendre pourquoi, dans un environnement complètement arabophone, un élève peut avoir des résultats catastrophiques en langue arabe scolaire», affirme-t-elle.
Dans ce sillage, elle dira que le débat est, à la base, «erroné». Avant de poursuivre, «la problématique était d’améliorer les compétences de nos enfants dans la maîtrise de la langue arabe scolaire». Ainsi, elle a regretté que ces personnes ne soient pas rentrées dans le «cœur du sujet». Dans le même ordre d’idées, la ministre de l’Éducation doute de la bonne volonté des «polémistes» à apporter un plus à ce débat.
«Il ne faut pas tromper la société concernant cette problématique, et nous devons ouvrir un débat sur l’optimisation de l’enseignement des langues de base, dont la langue arabe enseignée», a rajouté Benghebrit. Concernant l’enseignement de la langue amazighe, dans 20 wilayas du pays, à partir de la prochaine rentrée scolaire 2015-2016, la ministre a affirmé qu’il n’y a aucun problème concernant les enseignants de la langue amazighe ». De surcroît, elle a démenti l’annulation des épreuves de certaines matières, à l’instar de l’éducation islamique et de la géographie, soulignant qu’il s’agit de recommandations tirées de ladite conférence de juillet.
«Je ne peux vous promettre qu’il n’y aura pas de grève»
Commentant le sujet des grèves successives dans le secteur, la ministre a exprimé sa bonne volonté d’y remédier. Néanmoins, elle a exprimé son incapacité à mettre un point à ces multiples débrayages. Or, elle dira que son département œuvre à garder les portes du dialogue ouvertes. Par conséquent, Benghebrit a annoncé une rencontre avec les Syndicats qui aura lieu à la fin de ce mois d’août. «Nous sommes ouverts au dialogue avec tous les Syndicats. Nous avons un rendez-vous avec eux vers la fin de mois-ci. Nous sommes prêts à résoudre tous les problèmes des Syndicats qui se posent au niveau du ministère. Nous avons donné instruction aux directeurs de wilayas de faire de même», a-t-elle rassuré, en reconnaissant que, dans quelques années, il y aura encore plus de pression sur le secteur de l’Éducation.
Dans un autre sillage, et pour ce qui est du niveau bas des élèves au Sud, la ministre a jeté la balle dans le camp de l’absentéisme des enseignants. «Nous avons constaté que dans un grand nombre de wilayas au Sud, il y a ce problème qui pénalise, fortement, le rendement des élèves. Les enseignants absentéistes abusent de la présentation de certificats médicaux de complaisance. Pratiquement, tous les directeurs de l’Éducation dans les wilayas du Sud se plaignent de ce problème», a-t-elle fait savoir, tout en assurant qu’elle le résoudra, en collaborant directement avec la Cnas.
Lamia Boufassa